Marchés financiers : l’inflation joue les prolongations

Actualités - Cette semaine, les marchés s'inquiètent d'une inflation plus longue que prévu. Malgré la persistance de la hausse des prix aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) n'en démord pas : le phénomène sera transitoire.

Bourse : l'inflation et le Covid s'installent dans le paysage

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

La reprise perdrait-elle de sa vigueur ? La persistance de la pandémie de Covid-19 et l’inflation américaine sèment le doute chez les investisseurs. « Les inquiétudes concernant le rythme et la persistance de la hausse des prix semblent limiter l’optimisme concernant la reprise mondiale », résume Michael Hewson, analyste en chef chez CMC markets UK. Cette semaine enregistre plusieurs records préoccupants, rapporte l’AFP. L’indice des prix à la production en juin grimpe à 7,3 % sur un an, son plus haut niveau depuis onze ans. Dans le même temps, l’indice des prix à la consommation CPI s’élève à 5,4 % sur un an. Du jamais vu depuis août 2008. 

Du sang et des larmes ?

Ce mercredi 14 juillet, Jerome Powell répondait aux questions inquiètes des élus américains sur la flambée des prix. Pendant trois heures, le Président de la Réserve fédérale (Fed) s’est efforcé de rassurer la commission des finances de la Chambre des représentants. Il « s’est engagé à ce que l’inflation reste sous contrôle », relève la chaîne de télévision CNN. Tout en qualifiant de « transitoire » l’inflation; qui se trouve aujourd’hui « bien au-delà » de 2 %, Jerome Powell a incité « les gens à avoir confiance dans ce que la banque centrale fera ». La banque centrale américaine ne veut pas agir prématurément, mais promet de « ramener l’inflation à 2 % ».

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a renchérit ce jeudi 15 juillet. L’inflation va rester élevée aux Etats-Unis durant les mois à venir mais finira par reculer, prévient-elle. « Je pense que nous aurons encore plusieurs mois d’inflation rapide, donc je ne dis pas qu’il s’agit d’un phénomène d’un mois seulement. Mais je pense qu’à moyen terme, nous verrons l’inflation décliner pour revenir à un niveau normal. Bien sûr, nous allons garder un œil attentif dessus », a-t-elle confié aux caméras de CNBC. La hausse actuelle des prix des logements aux Etats-Unis ne présage pas d’une crise à venir comparable à celle de 2008, a-t-elle ajouté.

L’ombre du doute

Ces déclarations n’ont cependant pas suffi à rassurer les marchés boursiers européens, qui ont adopté le proverbe de Zoroastre : « dans le doute, abstiens-toi ». Ce jeudi 15 juillet, Paris enregistre -0,99 %. Francfort accuse -1,01 %, Milan de -1,27 % et Londres -1,12 %. L’incertitude repose sur trois facteurs, « une augmentation continue des cas de virus, le rythme de la reprise qui semble ralentir, et le caractère transitoire ou non des pressions inflationnistes », explique Michael Hewson. Cela pèse sur les valeurs pétrolières et celles liées au voyage, notamment outre-Manche. La croissance chinoise qui ralentit renforce la conjoncture.

Le cours du brut recule après des informations sur un accord entre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis — qui pourrait favoriser une augmentation de l’offre mondiale. Plus précisément, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre chute à 73,47 dollars à Londres. A New York, le baril de WTI pour août descend à 71,65 dollars. Résultat, l’indice Stoxx de l’énergie cède -2,84 %. Dans la foulée, la baisse du pétrole pénalise les valeurs de l’énergie. Il ne faut toutefois pas y voir le retour de la spirale inflationniste des années 1970, martèlent les autorités financières américaines. Wait and see.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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