Inflation : la BCE poursuit sa politique de hausse des taux

Actualités - La Banque centrale européenne (BCE) maintient sa politique de resserrement monétaire — avec une hausse de taux de 25 points, annoncée ce jeudi 4 mai. Quelles perspectives pour l'économie de la zone euro ? Le point avec Le Courrier Financier.

Inflation : la BCE poursuit sa politique de hausse des taux

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Plus hawkish que jamais. La Banque centrale européenne (BCE) poursuit sa politique de resserrement monétaire. Ce jeudi 4 mai, l’institution européenne a relevé ses taux d’intérêt de 25 points de base. Si cette hausse est de moindre ampleur que les précédentes, la BCE entend maintenir sa trajectoire de politique monétaire. « Nous ne faisons pas de pause, c’est très clair ! », a déclaré Christine Lagarde devant la presse, réunie à Francfort (Allemagne) au siège de la BCE. Le taux de dépôt de la banque centrale — celui qui rémunère les dépôts des banques auprès d’elle, rappelle Reuters — s’affiche désormais à 3,25 %. Depuis juillet dernier, l’euro a ainsi connu un resserrement sans précédent.

La BCE reste droite dans ses bottes

Contre la flambée des prix, pas question de faiblir. Dans la zone euro, le taux d’inflation annuel atteignait encore 7,0 % en avril 2023 d’après Eurostat. Ce chiffre révèle une légère hausse par rapport au mois précédent (6,9 % en mars). La BCE reste donc droite dans ses bottes, contrairement à la Réserve fédérale américaine (Fed) — qui évoquait ce mercredi 3 mai une éventuelle pause dans sa campagne de hausse des taux. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, Christine Lagarde a rappelé que les risques d’inflation restaient encore élevés en zone euro, entre négociations salariales et marges bénéficiaires élevées des entreprises.

Dans ce contexte tendu, les conditions financières devraient demeurer très strictes — voire se renforcer. Les futurs taux directeurs continueront de se fonder sur l’évaluation « des perspectives d’inflation compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire », indique la BCE dans son communiqué. D’ici juillet 2023, la BCE doit mettre un terme à son programme de rachats d’actifs de 3 200 milliards d’euros lancé en 2014 afin de lutter contre l’inflation et de faciliter l’accès au financement des entreprises européennes.

Le retour des années de vaches maigres ?

Au T1 2023, l’économie européenne fait grise mine. Le PIB de la zone euro a augmenté de +1,3 % sur un an glissant, indique Eurostatet de seulement +0,1 % par rapport au T4 2022. Par ailleurs, les banques ont durci l’accès à l’emprunt. En France, la situation s’est particulièrement tendue sur le marché du crédit immobilier. De quoi augmenter le risque d’assèchement du crédit (en anglais « credit crunch »), cet outil économique qui permet (entre autres) aux entreprises de financer leur développement. Si cette tendance se poursuit, la zone euro risque de connaître un ralentissement encore plus important de sa croissance.

Pendant ce temps sur le marché obligataire, le Bund allemand à dix ans a réduit ses gains. Il s’affiche désormais à l’équilibre, autour de 2,252 %. Les actions européennes ont légèrement réduit leurs pertes, l’indice Euro Stoxx 50 cédant 0,45 %. Mais l’objectif des 2 % d’inflation semble encore très lointain. La BCE n’en a pas fini avec ses hausses de taux — qui augmentent mécaniquement les coûts d’emprunt. A ce rythme, il faudra probablement se serrer la ceinture pendant des années pour éteindre la flambée des prix.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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