G20 et banques centrales : tous unis contre le coronavirus

Actualités - Cette semaine, les banques centrales et les Etats du G20 se mobilisent contre les conséquences sanitaires, sociales et économiques de la pandémie de coronavirus. Quelles mesures ont été prises pour rassurer les marchés financiers ? L'union sacrée va-t-elle durer ? Le point avec Le Courrier Financier.

Banques centrales et G20 : tous unis contre le coronavirus

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ? Face à la crise sanitaire du coronavirus, les institutions d’émission — Banque centrale européenne (BCE) et Réserve fédérale américaine (Fed) en tête — n’ont plus de limites pour monétiser la relance, rapporte Reuters. Cette semaine, les plans de sauvegarde de l’économie ont plu en cascade. Objectif pour les banques centrales, rassurer les marchés, limiter les perturbations économiques et soutenir le crédit. « Tant qu’il n’y aura pas de stabilisation, elles pourront continuer à intervenir et si la Fed doit multiplier ses efforts pas deux pour calmer le marché, elle le fera », expliquait ce lundi Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés chez IG France.

Fed et BCE en première ligne

La banque centrale américaine — qui limitait jusqu’alors ses achats aux obligations souveraines et au crédit hypothécaire — a annoncé ce lundi d’autres mesures qui visent notamment les particuliers, à travers les prêts étudiants et le crédit à la consommation. Dans le cadre du « Main Street Business Lending Program », les prêts relais pourront atteindre une durée de quatre ans. La Fed prépare aussi des prêts garantis par l’Etat pour les petites entreprises, des achats d’obligations émises par des grandes entreprises. Dans ce cadre, les entreprises qui décideraient de reporter le paiement d’intérêts ou du principal d’un emprunt ne pourront plus effectuer de rachats d’actions, ni distribuer de dividendes.

Les programmes existants d’achats de bons du Trésor et de produits de titrisation de prêts hypothécaires seront augmentés autant que nécessaire afin de « favoriser un fonctionnement fluide du marché et une transmission efficace de la politique monétaire aux conditions de financement et à l’économie », a indiqué la Fed dans un communiqué. En d’autres termes, la Réserve fédérale s’est offert cette semaine son moment « Whatever it takes ». De son côté, la BCE a fait savoir ce jeudi 26 mars qu’elle modifiait juridiquement sa propre réglementation. D’ordinaire, elle ne peut pas racheter plus de 33 % de la dette d’un pays dans le cadre de ses rachats d’actifs. C’est désormais possible dans le cadre de son programme de 750 milliards d’euros.

L’union fait la force… pour l’instant

Pour rappel, la précédente limite avait été validée fin 2018 après une offensive judiciaire venue d’Allemagne. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait alors estimé que la BCE ne contrevenait pas à la règle lui interdisant de financer les Etats. « La BCE s’expose à un risque juridique et à un contrecoup politique mais cette décision historique est en cohésion avec l’annonce initiale du PEPP, qui prévoyait que la BCE puisse revoir ses propres limites », a réagi Frederik Ducrozet, stratégiste de Pictet Wealth Management. Dans le passé, les opposants à l’assouplissement quantitatif ont systématiquement porté l’affaire devant les tribunaux. Cette crise passé, reste à savoir s’ils engageront de nouvelles procédures.

De leur côté, les dirigeants du G20 ont tenu eux aussi à apporter leur écot. Ce jeudi 26 mars, ils ont affirmé leur détermination à former un front uni contre les conséquences sanitaires, sociales et économiques du Covid-19, qualifiées de « priorité absolue ». Réunis en vidéoconférence, les chefs d’Etat et de gouvernement des 20 premières économies mondiales ont dit vouloir rétablir le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement. Ils ont notamment demandé à leurs ministres des Finances et aux dirigeants de leurs banques centrales d’assurer une coordination régulière de leurs actions en lien avec les organisations internationales, afin d’élaborer un plan d’action commun face à la pandémie.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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