Etats-Unis : tensions géopolitiques après le tir au ballon chinois

Actualités - Le 4 février dernier, les Etats-Unis ont abattu le ballon stratosphérique chinois qui survolait leur territoire. L'incident a provoqué une crise diplomatique entre les deux pays. Faut-il s'attendre à des sanctions américaines ou à des mesures de rétorsion chinoises ? Le point avec Le Courrier Financier.

Etats-Unis : tensions géopolitiques après le tir au ballon chinois

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Dans le ciel passait une musique… La Chine a-t-elle déclenché une nouvelle crise Spoutnik ? Vendredi 3 février, un ballon chinois entrait dans l’espace aérien américain, à très haute altitude. Aussitôt, sa présence a déclenché une crise diplomatique. Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a reporté sa visite à Pékin à une date indéterminée. Washington a tout de suite évoqué une tentative d’espionnage, et parlé d’une « violation claire » de sa souveraineté, d’une situation « inacceptable ». Dès le lendemain rapporte l’AFP, un avion militaire américain abattait le ballon chinois d’un tir de missile au-dessus de l’Atlantique. Les débris de l’engin sont tombés au large de la Caroline du Sud. Dimanche 5 février, la Chine a jugé cette réaction « excessive ».

Une tentative d’espionnage ?

Actuellement, le ministère chinois de la défense dément toute tentative d’espionnage. La Chine affirme qu’il s’agissait d’un ballon civil, destiné à l’observation météorologique, rapporte Reuters. Porté par les vents, l’engin aurait pénétré par erreur dans l’espace aérien américain. Pékin se réserve désormais le droit d’agir à l’identique dans une situation simulaire, a déclaré Tan Kefei, porte-parole du ministère de la Défense, dans un communiqué officiel — une affirmation difficile à interpréter, dans un contexte de tensions avec Taïwan. Le 27 janvier dernier dans une note interne, révélée au grand public par la presse, la Maison Blanche s’inquiète d’un possible conflit à horizon 2025.

D’autres ballons météorologiques chinois auraient déjà survolé le territoire des Etats-Unis, profitant d’un « méconnaissance » du problème par les autorités. Ce mardi 7 février, le Pentagone a confirmé que trois accidents comparables sous la présidence de Donald Trump et au moins un sous Joe Biden. Ce jeudi 9 février, le FBI a déclaré ne disposer que de preuves « extrêmement limitées » sur la nature du ballon. La plupart des composants électroniques ont disparu au fond de l’océan, le reste doit encore être décontaminé. Aucune trace d’explosif ni de composant nocif pour la santé des populations n’a été détectée.

Un feuilleton en plusieurs épisodes

L’affaire du ballon chinois va-t-elle se dégonfler comme une baudruche ? C’est peu probable. Les Etats-Unis considère que le ballon abattu faisait partie d’une flotte envoyée au-dessus de plus de 40 pays sur cinq continents, à des fins de renseignement. L’Oncle Sam envisage désormais d’adopter des mesures répressives envers ceux qui auraient soutenu l’incursion du ballon dans leur espace aérien. Le Département d’Etat américain — l’équivalent du ministère des Affaires étrangères — cherche ainsi à déterminer l’identité du fabricant, qui serait en « relation directe » avec l’Armée populaire de libération (APL) de Chine.

Le FBI assure que dès qu’il aura suffisamment de preuves, il s’en servira à des fins de renseignement ou d’éventuelles accusations criminelles. Les tensions géopolitiques entre les deux pays devraient donc se poursuivre dans les mois à venir. Une perspective peu réjouissante pour les marchés financiers, qui misaient jusqu’ici sur l’impact positif de la réouverture de l’économie chinoise après la fin de la politique zéro Covid.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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