(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)
Une bonne surprise pour 2021 ? L’économie française résiste mieux que prévu au Covid-19. « Le deuxième confinement a davantage fait baisser la consommation des ménages que la production », souligne l’INSEE ce jeudi 4 février dans son dernier point de conjoncture. Le PIB n’a baissé que de -8 % en novembre dernier — « un recul certes marqué mais quatre fois moindre qu’en avril », commente l’INSEE qui avait anticipé une baisse de -12 %. Le choc s’est limité aux secteurs les plus exposés aux restrictions : commerces, loisirs, hébergement-restauration, transports. En revanche, l’investissement et le commerce extérieur sont plus solides que prévu.
Consommation des ménages
Malgré les incertitudes, la France doit-elle s’attendre à un fort rebond ? Le 27 janvier dernier lors de son audition devant le Sénat, Bruno Le Maire — Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance — se déclarait très confiant. Le Gouvernement mise sur une croissance de +6 % du PIB français en 2021. L’INSEE reste prudent, et évoque plutôt dans ses scénarios de reprise un « acquis de croissance annuelle mi-2021 » entre +4 % et +5 %. La grande inconnue reste la consommation des ménages, qui a accusé un net recul en novembre (-15 % par rapport au niveau d’avant-crise) avant de rebondir en décembre (-4 %).
Pour s’assurer de la pertinence de ses chiffres, l’INSEE a travaillé à partir de « données à haute fréquence » — montants agrégés des transactions par carte bancaire, données de caisse d’enseignes de la grande distribution — afin de retracer les achats de bien et de services. Ces mêmes indicateurs montrent un recul (-7 %) de la consommation des ménages en janvier 2021. Le phénomène de « rattrapage » des achats s’est limité à décembre… Sans compter l’impact du couvre-feu à 18 heures, qui s’applique sur l’ensemble du territoire depuis le 14 janvier dernier. Le décalage des soldes d’hiver de janvier à février pourrait également expliquer ce marasme.
Conjoncture internationale
L’INSEE se montre prudent dans ses prédictions 2021. « Au-delà du mois de janvier, échafauder des prévisions précises relève actuellement un peu de la gageure (…) la succession des vagues épidémiques conditionne la reprise des secteurs les plus affectés à la normalisation de la situation sanitaire », pointe l’institut. Il faut être deux pour danser un tango : le rebond économique français dépendra beaucoup de la conjoncture internationale. L’INSEE s’inquiète d’un environnement moins porteur, notamment en Europe où plusieurs pays ont durci leurs mesures sanitaires — reconfinements en Allemgne, Angleterre et Ecosse notamment.
D’où le caractère crucial des campagnes de vaccination, qui se poursuivent au sein de l’Union européenne (UE) malgré les retards de livraison de vaccins. Dans un rapport sur les exportations françaises publié ce jeudi 4 février, Euler Hermes — spécialiste de l’assurance-crédit, filiale d’Allianz — estime que 50 % de la demande adressée aux exportateurs français en 2021 proviendra de l’UE. Pour l’heure, le climat des affaires demeure « stable en janvier par rapport à décembre » (-4 % de PIB). D’après l’INSEE, « l’activité serait en quelque sorte restée sur un plateau, tout comme l’épidémie ». L’économie et la pandémie « évoluent en miroir ». Affaire à suivre.