Crise sanitaire : l’Insee diagnostique un PIB français en recul de 9 % en 2020

Actualités - Depuis la fin mars 2020, la France traverse une crise sanitaire inédite. Cette semaine, l'Insee publie un point de conjoncture qui évalue à 9 % la chute du PIB français sur l'année 2020. Que retenir de ce diagnostic ? Le point avec Le Courrier Financier.

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

« L’épidémie de covid-19 s’inscrit dans la durée », constate l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une récente note de conjoncture publiée ce mardi 6 octobre. Le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait se contracter de 9 % cette année, tandis que le chômage devrait grimper à environ 9,5 % en raison du contexte sanitaire. Protocole sanitaire en entreprise, activité réduite, fermeture de certains commerces… Les contraintes continuent de peser sur l’offre, quand la demande pourrait, elle, pâtir des incertitudes. « L’économie française aborde la rentrée comme un moteur qui serait tout à la fois bridé et dopé », résume l’Insee.

Un rebond qui s’essouffle

Après le « vif rebond associé au déconfinement (+ 16 % prévu au troisième trimestre, après – 13,8 % au deuxième et – 5,9 % au premier) », l’économie française risque de marquer le pas d’ici la fin de l’année, prévient l’Insee. L’organisme s’est penché sur un scénario pour le T4 2020, dans lequel les secteurs les plus affectés — hôtellerie-restauration, transports, tourisme et loisirs — reviendraient à leur niveau d’activité de juin 2020. Si dans le même temps, l’investissement revenait « à un niveau proche de celui du troisième trimestre », la croissance serait néanmoins nulle en fin d’année. Dans ce cas, le PIB resterait « 5 % en deçà de son niveau d’avant-crise ».

Face à la circulation du virus en France, la contraction du PIB reste un scénario très probable. Aurélien Rousseau, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, a ainsi indiqué sur Twitter ce mercredi 7 octobre que le le seuil des 40 % de patients malades du Covid-19 avait été atteint dans les services de réanimation de la région. Il a notamment appelé à réduire les interactions sociales, afin de « limiter les contaminations et protéger le système de soins ». Ce jeudi 8 octobre, il a appelé à la mise en œuvre du « plan blanc », destiné à mobiliser davantage de ressources face à une situation sanitaire exceptionnelle.

L’emploi et la consommation

L’activité économique devrait poursuivre le redressement observé à la fin du T2 2020, mais avec un rythme de reprise moins rapide. La France devrait perdre 840 000 emplois en 2020, dont près de 730 000 emplois salariés. Ce net recul (de l’ordre de – 3 % en moyenne annuelle) reste toutefois modéré, grâce au dispositif de chômage partiel. L’Insee pointe également « un phénomène de rétention de main-d’oeuvre de la part de certaines entreprises qui conserveraient à ce stade une grande partie de leurs effectifs malgré la contraction de leur activité ». Ce phénomène de halo devrait se résorber au second semestre… avec à la clé, une hausse du chômage.

En 2020, l’inflation devrait se limiter à un demi-point en moyenne annuelle. Face à l’incertitude, faut-il craindre pour la consommation des ménages ? Le recul du pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation se limiterait à un point sur l’année 2020 d’après l’Insee, « tout en sachant que ce chiffre macroéconomique agrège des situations individuelles très disparates ». Avec le confinement, le taux d’épargne des ménages avait quasiment doublé au deuxième trimestre (épargne forcée). Avec le rebond de la consommation, il devrait revenir aux alentours de 17 % au second semestre 2020 « un niveau légèrement supérieur à celui d’avant-crise ».

En conclusion, « l’épidémie a rebattu les cartes entre les secteurs d’activité et entre les territoires », mais il est encore « trop tôt pour dire quelle part de ces recompositions sectorielles ou territoriales est susceptible d’être pérenne ». Wait and see.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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