Coronavirus : Royaume-Uni, keep calm and carry on ?

Actualités - Cette semaine, le Royaume-Uni se décide à fermer les écoles à cause du coronavirus. Toutefois, le pays n'a toujours pas pris de mesures de confinement. Quelles sont ses perpectives de gestion de la crise ? Le point avec Le Courrier Financier.

Coronavirus : Royaume-Uni, keep calm and carry on ?

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Le flegme britannique reste d’actualité. Le gouvernement du Royaume-Uni espère inverser la tendance de l’épidémie de coronavirus d’ici 12 semaines, rapporte Reuters. « Pour le moment, la maladie évolue d’une manière qui suggère qu’elle ne répond pas encore à nos interventions », a convenu Boris Johnson en conférence de presse ce jeudi 19 mars. Le Premier ministre compte sur « la combinaison entre les mesures que nous demandons aux gens de prendre et de meilleurs tests, des progrès de la science ». Si toutes les écoles du royaume seront fermées ce vendredi après-midi, les mesures de « distanciation sociale » restent limitées.

Précautions raisonnables

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le Royaume-Uni ne semble pas prêt à imposer des mesures de confinement strictes à l’ensemble du pays — à l’image de la France ou de l’Italie. Dans sa stratégie de prévention de la contagion, le gouvernement britannique pourrait toutefois appliquer des résolutions plus strictes à Londres. Ses recommandations actuelles restent trop souvent lettre morte, a regretté Boris Johnson. « Dans certains quartiers de la capitale, c’est très partiel et qu’il y a des quartiers dans lesquels les gens ne les suivent peut-être pas aussi bien que nécessaire », a-t-il concédé.

Avant cette conférence de presse, la reine Elizabeth s’est adressée aux Britanniques, pour leur assurer que la famille royale jouerait son rôle dans la lutte contre la pandémie. « Un grand nombre d’entre nous vont trouver de nouveaux moyens de rester en lien les uns avec les autres et de s’assurer que leurs proches sont en bonne santé. Je suis certaine que nous sommes à la hauteur de ce défi », a déclaré la souveraine de 93 ans. La reine a déjà annulé plusieurs déplacements officiels. Elle s’est installée au château de Windsor, dans l’ouest de Londres, une semaine plus tôt que prévu. Des « précautions raisonnables », d’après Buckingham Palace.

Limiter l’impact économique

La crise peut-elle se résoudre en trois mois ? Le gouvernement britannique reste prudent. « Je ne peux pas, ici devant vous, vous dire que d’ici la fin juin nous serons sur une pente descendante. C’est possible mais je ne peux tout simplement pas vous dire que c’est certain », a prévenu Boris Johnson ce jeudi. La Banque d’Angleterre (BoE) a abaissé le même jour son taux directeur à 0,1 %. L’institution a annoncé de nouveaux achats d’obligations afin de protéger l’économie britannique des répercussions de l’épidémie de coronavirus. La BoE a précisé que ses nouveaux achats porteraient essentiellement sur de la dette publique britannique.

Cette décision a eu un impact immédiat sur les marchés financiers. L’indice londonien FTSE 100 est repassé dans le vert à suite de cette annonce. Il gagnait 1,24 % à quelques minutes de la clôture. Sur le marché des changes, la livre sterling — tombée ce mercredi à un plus bas de 35 ans — s’appréciait de 0,38 % face au dollar à 1,1657 dollar et de plus de 2 % contre l’euro, à 1,0891. En revanche, les rendements des obligations britanniques ont nettement reculé après la décision de la BoE. Celui à 10 ans est revenu jusqu’à 0,76 % avant de se stabiliser autour de 0,79 %. De quoi renforcer la prudence des investisseurs et leur aversion au risque…

Ce contexte perturbe également les négociations du Brexit. Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne (UE), a déclaré ce jeudi sur Twitter avoir été testé positif au coronavirus. « Je vais bien, le moral est bon. Je suis naturellement toutes les instructions, tout comme mon équipe », a indiqué le diplomate français. Londres reste en contact étroit avec l’UE. Les deux parties doivent définir leurs futures relations commerciales, ainsi que les termes de leur collaboration en matière de sécurité et de justice. Quoi qu’il arrive, le Premier ministre refuse de rallonger la période de transition au-delà du 31 décembre prochain. Keep calm and carry on !

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde