Coronavirus : confinement, le PIB français se contracte de -6 % au premier trimestre

Actualités - Cette semaine, la Banque de France publie une note de conjoncture à la fin mars 2020. Sans surprise, la crise sanitaire du coronavirus a entraîne la France dans la récession. Quelles sont les perspectives de relance économique pour l'Hexagone ? Le point avec Le Courrier Financier.

Coronavirus : le PIB de la France se contracte de 6 % au premier trimestre 2020

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine VictorCrédits carte : Statista.com)

« Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. » La Banque de France pourrait reprendre cette phrase de Pascal à son compte. Ce mercredi 8 avril, l’institution a publié une note sur la conjoncture française à fin mars 2020. « La situation exceptionnelle créée par le virus covid-19 a conduit la Banque de France à modifier l’exploitation et la présentation des résultats de son enquête mensuelle de conjoncture (EMC) dans l’industrie, les services marchands et le bâtiment », précise-t-elle. Depuis le 17 mars, la France vit au rythme du confinement. Résultat de cette mesure draconienne, le PIB a plongé d’environ 6 % au premier trimestre 2020.

Baisse d’activité et fermetures

La Banque de France a mené son enquête mensuelle auprès de 8 500 entreprises ou établissements. Les données ont été collectées entre le 27 mars et le 3 avril derniers. Il en ressort une baisse d’activité inégale selon les secteurs économiques. Dans l’industrie, le nombre de jours de fermeture exceptionnelle en mars 2020 atteint ainsi 5 jours en moyenne. En revanche, il varie « de 1 jour dans la pharmacie à près de 8 jours dans le secteur du matériel de transport ». Le mouvement de baisse est général. Dans l’industrie, l’automobile, la métallurgie et les fabrications de machines et équipements sont les plus affectés.

Côté services marchands, le nombre de jours de fermeture exceptionnelle en mars atteint 6 jours en moyenne. Les disparités y sont encore plus criantes selon les secteurs : « entre 1 jour dans l’informatique et 14 jours dans la restauration ». L’activité a surtout chuté pour le tourisme, l’hébergement et la restauration. Le travail temporaire et réparation automobile sont aussi très impactés. Autre exemple, l’activité du bâtiment s’est fortement dégradée suite à la mise à l’arrêt de nombreux chantiers au début du confinement. Par contre, les activités de services aux entreprises sont les moins touchées.

Coronavirus : le PIB de la France se contracte de 6 % au  au premier trimestre 2020
Source : Banque de France / Données recueillies du 27 mars au 3 avril 2020

Conséquence directe de ce ralentissement, la dégradation de trésorerie frappe les PME de plein fouet. Les entreprises ont augmenté leurs demandes de crédit sur la période : 17 % des petites et moyennes entreprises (+10 points à fin mars) et 22 % des entreprises de taille intermédiaire (+12 points à fin mars) disent avoir fait une demande. L’enquête s’est déroulée pendant la mise en place du dispositif de prêts garantis par l’Etat (PGE). Pour l’heure, les entreprises ont déposé leur dossier mais n’ont pas encore reçu les fonds. Dans le cadre de ce dispositif, la somme peut couvrir jusqu’à 25 % de leur chiffre d’affaires annuel.

Confinement et contraction du PIB

« Nos modèles traditionnels de prévision du PIB à court-terme ne sont pas adaptés à la situation actuelle », concède la Banque de France. La perte d’activité a été estimée selon le nombre de jours de fermeture exceptionnelle déclarés en mars. D’après cette approche sectorielle, la perte d’activité sur une semaine-type de confinement atteint − 32 % pour toute l’économie. Les plus grosses pertes affectent la construction (- 75 %) le secteur commerce, transports, hébergement et restauration (- 65 %) et l’industrie manufacturière hors alimentaire et cokéfaction-raffinage (- 48 %). Ils sont talonnés par les services marchands (- 37 %).

Les autres services marchands (- 34 %) suivent de près ; cette catégorie contient notamment l’industrie des spectacles. Par opposition, l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire, la cokéfaction, le raffinage et la production d’énergie, les services non marchands ou les services financiers et immobiliers sont les moins touchés. Cela tient à leur modèle économique, qui inclut les loyers effectifs et imputés. Par défaut, le confinement ne les perturbe pas. En tenant compte des deux semaines de confinement et de la baisse d’activité déjà amorcée début mars, la perte d’activité atteint – 17 % sur le mois de mars.

Coronavirus : le PIB de la France se contracte de 6 % au  au premier trimestre 2020
« Impact de la crise du Covid-19 sur l’activité par branche au mois de mars »
Source Banque de France / Données recueillies du 27 mars au 3 avril 2020

En février, la prévision de croissance de la Banque de France s’élevait à + 0,1 %. L’impact du confinement amène à réviser cette estimation. La contraction du PIB au premier trimestre 2020 est estimée autour de -6 % ; chaque quinzaine de confinement entraîne une perte de PIB annuel proche de – 1,5 %. Nous n’avions pas vu cela depuis le deuxième trimestre 1968, suite aux événements du mois de mai. A l’époque, le PIB avait chuté de 5,3 % avant de rebondir de + 8,0 % au troisième trimestre de la même année. Reste à espérer que 2020 obéira à un schéma comparable de montagnes russes, pour éviter une récession durable.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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