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(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)
Bientôt un mur pour les avions ? Ce mercredi 11 mars, Donald Trump a annoncé qu’il interdisait aux Européens de se rendre aux Etats-Unis pendant 30 jours. La quarantaine s’applique aux ressortissants des vingt-six pays européens de l’espace Schengen à partir de ce vendredi 13 mars, minuit (samedi 04h00 GMT). Cette mesure drastique vise à lutter contre le coronavirus, rapporte l’agence Reuters. Le président américain fait actuellement face aux critiques de ses opposants démocrates, qui l’accusent de ne pas avoir pris la menace suffisamment au sérieux.
Cette restriction de voyage s’appliquera aux Britanniques et aux Irlandais dès ce lundi 16 mars minuit, mais pas aux Américains. Pour l’heure, l’interdiction d’entrer sur le territoire américain s’applique à toute personne ayant voyagé dans l’espace Schengen lors des 14 jours précédant la date de son arrivée aux Etats-Unis. Quelques exceptions sont toutefois au programme, avec mesures de quarantaine et de confinement à domicile. L’interdiction d’entrer aux Etats-Unis ne concerne ni les détenteurs d’un titre de résidence permanente, ni les parents de citoyens américains.
Protéger le commerce
Sur un ton grave, Donald Trump a expliqué qu’il prenait les mesures les « plus agressives et complètes jamais prises dans l’histoire moderne pour lutter contre un virus étranger ». Ce discours ferme n’était toutefois pas de nature à rassurer les marchés. Les futures sur les indices boursiers américains ont chuté pendant le discours, par crainte d’un ralentissement supplémentaire de l’économie. En réaction, le Bureau ovale a assuré qu’il n’irait pas jusqu’à interrompre complètement les échanges commerciaux. « La restriction bloque les personnes, pas les marchandises », a précisé Donald Trump sur Twitter. Il avait sous-entendu le contraire pendant son allocution.
Sur le fond comme sur la forme, le président américain s’est efforcé de donner une image de sérieux et d’efficacité. « Je suis convaincu qu’en continuant de prendre ces mesures strictes, nous allons atténuer de manière significative la menace pour nous citoyens, et nous finirons par vaincre rapidement ce virus », a affirmé Donald Trump. La gestion de cette crise sanitaire devrait peser sur l’élection présidentielle de novembre 2020 aux Etats-Unis. L’hôte de la Maison Blanche n’a cependant pas déclaré l’urgence nationale, ni évoqué la moindre mesure pour accélérer la production de matériel de dépistage et de masques de protection.
Accusations de laxisme
Donald Trump a pointé du doigt la responsabilité de l’Europe dans la propagation du coronavirus. « L’Union européenne n’a pas été capable de prendre les mêmes précautions et restrictions de voyage pour la Chine et d’autres zones sensibles. Par conséquent, un nombre important de nouveaux foyers de contamination aux Etats-Unis ont été semés par des voyageurs venus d’Europe », a-t-il affirmé. Ces propos polémique ont déclenché une réponse cinglante de Bruno Le Maire, ce vendredi 13 mars sur RMC et BFMTV. « Du point de vue sanitaire, c’est aberrant », a taclé le ministre français de l’Économie et des Finances.
D’après une source diplomatique européenne, l’administration Trump n’avait ni échangé avec l’Union européenne (UE), ni ne l’avait notifiée de cette décision en amont. Ce jeudi 12 mars, le président français s’est lui aussi adressé à ses concitoyens. Outre des mesures sanitaires — crèches, écoles et universités fermeront dès ce lundi 16 mars — et de soutien économique aux entreprises, Emmanuel Macron a appelé à « éviter le repli nationaliste » face à un coronavirus « qui n’a pas de passeport ». A l’échelle européenne, les fermetures de frontières s’appliqueront « quand elles seront pertinentes ». Emmanuel Macron a également indiqué qu’il échangerait prochainement avec Donald Trump.
