BCE : Christine Lagarde sur le tapis rouge

Actualités - Cette semaine, l'arrivée de Christine Lagarde à la tête de la BCE rassure les marchés. La Française devrait poursuivre la politique accommodante de Mario Draghi, afin de favoriser la croissance mais aux dépends de l'orthodoxie budgétaire. Avec son profil politique atypique, Christine Lagarde devra relever de nombreux défis.

BCE : Christine Lagarde sur le tapis rouge

(Conception : Mathilde Hodouin – Création : Charlotte Thomas)

L’arrivée de Christine Lagarde à la tête de la banque centrale européenne (BCE) rassure les marchés financiers. Ce mercredi 3 juillet, les Bourses s’affichent dans le vert en Europe comme aux Etats-Unis. Les investisseurs s’attendent à ce que la Française reprennent la politique pragmatique et accommodante de Mario Draghi, dont le mandat s’achèvera fin octobre. En outre, l’espoir de mesures de soutien de la part de la BCE comme de la Réserve fédérale américaine (Fed) se traduit en outre par la poursuite du repli des rendements obligataires, rapporte l’agence Reuters.

« La nomination de Mme Lagarde ne devrait pas apporter de bouleversements dans la politique de la BCE (…) Sur le long terme, cependant, il lui faudra travailler dur pour faire en sorte que la crédibilité de la BCE demeure aussi forte que sous son prédécesseur », estime Andrea Ianelli, Directeur des investissements obligataires chez Fidelity International. Christine Lagarde n’aura pas la tâche facile. Elle hérite d’une économie de la zone euro à la santé fragile et d’une inflation qui reste inférieure à l’objectif de la banque centrale, à savoir un peu moins de 2 %.

Un profil atypique pour le poste

L’accueil favorable des marchés ressemble à un soupir de soulagement. Les investisseurs craignaient l’arrivée d’un candidat adepte d’une politique monétaire restrictive. C’était le cas de Jens Weidmann, Président de la Bundesbank. Ces dernières semaines, les noms d’autres candidats circulaient davantage, comme celui du Finlandais Erkki Liikanen ou encore le Français François Villeroy de Galhau. D’après les observateurs, Christine Lagarde n’arrivait pas dans le peloton des favoris parce qu’elle n’était pas une banquière centrale et manquait de références en tant qu’économiste.

Ce choix inattendu — soutenu par Emmanuel Macron, mais qui doit être validé par le Parlement européen — repose surtout sur les compétences politiques de Christine Lagarde, qui fut notamment ministre française de l’économie de 2007 à 2011. Après huit ans à la tête du fonds monétaire internationale (FMI), « elle devrait être capable d’obtenir un consensus auprès du Conseil des gouverneurs. Elle est aussi habile en matière de communication, ce qui est une qualité fondamentale pour ce poste », relève l’économiste Angel Talavera, spécialiste de la zone euro chez Oxford Economics.

Vers un assouplissement monétaire ?

La relance de l’économie pèsera davantage que l’orthodoxie budgétaire. La nomination de Christine Lagarde appuie l’hypothèse de la mise en place d’un nouveau programme d’assouplissement quantitatif — en anglais « quantitative easing » ou QE — par Francfort, d’après les analystes de la banque américaine Morgan Stanley. « L’annonce de la nomination de Christine Lagarde à la présidence de la BCE rend encore plus probable un assouplissement de la politique monétaire de la banque centrale cette année », abonde Ben Lord, gérant du fonds UK Inflation Linked Corporate.

« La nomination d’un président plus hawkish aurait représenté un risque significatif pour le marché, mais Lagarde est probablement plus dovish que le président sortant lui-même », précise-t-il. Cette perspective ne réjouit pas la presse germanophone. En Suisse et en Allemagne, ces médias déplorent notamment une politisation rampante qu’ils estiment néfaste pour l’avenir de la zone euro, relève Courrier International. Dans ce choc annoncé des cultures monétaires, reste à savoir si Christine Lagarde saura rallier l’Allemagne à la la cause de la dépense budgétaire.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde