AMF : sur Eurex, quel impact pour le ralentisseur sur la liquidité des options sur actions françaises ? [ETUDE]

Actualités - Cette semaine, l'AMF publie une étude sur l’impact de l’introduction d’un ralentisseur sur la plateforme Eurex sur la liquidité des options sur actions françaises.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) publie ce jeudi 1er juillet une analyse de l’impact de l’introduction d’un ralentisseur sur la plateforme Eurex sur la liquidité des options sur actions françaises.

Options sur actions françaises

Cette étude analyse l’évolution de la liquidité des options sur actions françaises à la suite de la mise en œuvre d’un ralentisseur (speed bump) sur Eurex, marché allemand de dérivés, en juin 2019. À partir des données de transactions entre janvier et décembre 2019, l’AMF a pu constater les effets bénéfiques d’un tel mécanisme par une amélioration des spreads et une augmentation de la profondeur à la meilleure limite.

Les options sont des produits dérivés donnant le droit d’acheter ou de vendre une quantité d’actifs sous-jacents (actions, devises, etc.) pendant une période donnée et à un prix convenu à l’avance. Ces options peuvent être utilisées à des fins de couverture mais aussi de spéculation quant à l’évolution du prix et la volatilité des actions sous-jacentes.

Amélioration de la liquidité…

En juin 2019, Eurex a lancé un programme pilote visant à offrir une « protection de la liquidité passive » (PLP), c’est-à-dire une protection des teneurs de marché. Le mécanisme introduit, dit asymétrique, présente la particularité de ne ralentir de quelques microsecondes que les ordres agressifs venant consommer la liquidité disponible dans le carnet d’ordre, et non les ordres passifs, c’est-à-dire les ordres non immédiatement exécutables.

Ce mécanisme offre aux apporteurs de liquidité un délai supplémentaire afin qu’ils puissent mettre à jour leur prix à la suite d’une nouvelle information sans risque d’être exécuté, dans l’intervalle, par un trader haute fréquence qui bénéficie d’un avantage du fait de sa supériorité technologique. En limitant ainsi les possibilités d’arbitrage de latence, Eurex entendait générer un cercle vertueux amenant les fournisseurs de liquidité à être davantage présents dans le carnet d’ordres.

…sur Eurex et Euronext

Après un premier document consacré à la description du marché des options, l’AMF a concentré son analyse sur l’étude des ralentisseurs. L’analyse menée a permis d’évaluer les effets du ralentisseur à la fois sur Eurex et sur Euronext entre juin et décembre 2019. Il ressort que la mise en place du mécanisme a eu un effet significatif sur la liquidité du marché Eurex mais aussi sur celle du marché Euronext. Nous constatons :

  • une baisse de l’écart entre le meilleur prix proposé à l’achat et le meilleur prix proposé à la vente: pour les options concernées, il oscille entre -10 et -13 points de base ;
  • une amélioration de la profondeur, c’est-à-dire une plus grande quantité de contrats disponibles à ces meilleurs prix au moment de la transaction mesurée en valeur de l’ordre de +1,55 euros à +1,85 euros ;
  • l’effet du speed bump n’est en revanche pas statistiquement significatif sur les volumes échangés, signe que ce mécanisme vise surtout à impacter la qualité de la liquidité et pas nécessairement à augmenter les volumes.

Les résultats de cette étude montrent une amélioration de la liquidité des options sur actions françaises suite à la mise en œuvre du premier ralentisseur asymétrique en Europe démontrant ainsi son efficacité relative. Ce mécanisme doit néanmoins continuer à faire ses preuves dans le temps. De plus, l’extension en août 2020 par Eurex de ce mécanisme à l’ensemble des options sur actions et, plus récemment, des options sur indices échangées sur sa plate-forme, devrait permettre de mesurer son impact sur d’autres marchés et produits.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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