Chine : la peste porcine donne la fièvre au marché international du porc

Actualités - La peste porcine africaine décime le cheptel de porcs en Chine depuis mi-2018. Pour assurer sa consommation nationale, l'Empire du Milieu se tourne massivement vers l'importation. Résultat, le prix d'achat du porc vivant s'est envolé et les cours de la viande de porc flambent à l'international. Si la situation bénéficie aux éleveurs, en France la filière viande s'inquiète.

Chine : la peste porcine donne la fièvre au marché international du porc

(Conception : Mathilde Hodouin – Création : Charlotte Thomas)

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. En Chine, une épidémie de peste porcine africaine (PPA) ravage les élevages depuis août 2018. D’après une estimation de Rabobank — banque agricole hollandaise — le pays pourrait perdre jusqu’à 200 millions de bêtes en 2019. Cela représente l’équivalent de la production européenne de porc sur l’année. Le dernier bulletin publié à ce sujet par la FAO le 6 juin 2019 indique que toutes les provinces de Chine continentale sont touchées. La maladie s’est répandue au-delà des frontières, et touche désormais le Vietnam, la Corée du Nord, la Mongolie et le Cambodge.

La Chine se tourne vers l’importation

La PPA est « une maladie virale hémorragique qui touche exclusivement les porcs domestiques et les sangliers et n’est pas contagieuse pour l’Homme », d’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). L’Empire du Milieu compte des milliers de petites exploitations porcines, particulièrement vulnérables à la maladie. Cette épizootie — épidémie qui frappe les animaux — a vraisemblablement été apportée de Russie par des sangliers. Ces animaux sauvages servent de réservoir naturel à la maladie, qui est en général mortelle pour les animaux d’élevage. Il n’existe pas de vaccin contre la PPA, contrairement à la peste porcine classique (PPC).

Pour endiguer le phénomène, les autorités chinoises ont fait tuer un million de porcs depuis août 2018. D’après les observateurs, le chiffre officiel est probablement sous-estimé. Cette campagne d’abattage a fait chuter la production chinoise de viande de porc de 30 %, d’après les estimations de Rabobank. Dans le même temps, la consommation de viande de porc en Chine a reculé de 10 % à 15 %. La Chine se tourne donc massivement vers l’importation de viande de porc. Les gros pays producteurs — tels que le Canada ou le Brésil — tirent leur épingle du jeu. Résultat, le prix d’achat du cochon vivant s’est envolé.

Quelles conséquences pour le marché Français ?

Cette conjoncture perturbe le marché international des protéines animales. Les Chinois ont augmenté leur consommation de viande de volaille, de bœuf et de fruits de mer. En France, les producteurs de charcuterie redoutent le contrecoup pour leur secteur. En mai 2019, le fédération de la charcuterie (FICT) s’est alarmé de l’augmentation des prix du porc français (+24% en 2 mois). Certains morceaux qui servent à élaborer le saucisson, le jambon cuit et cru ont subi des hausses pouvant atteindre 30 %, précise Reuters. D’après les chiffres officiels publiés le 23 mai dernier, les prix moyens de la viande de porc dans l’Union Européenne (UE) ont augmenté de 21,9 %.

De leur côté, les États-Unis font grise mine. Ils subissent l’envolée des cours sans que leur agriculture ne puisse en profiter. L’Oncle Sam reste un important producteur et exportateur de porc, mais la guerre commerciale entre les deux pays limite son champs d’action. Les droits de douane actuels sur les exportations américaines de porc en Chine réduisent les échanges commerciaux. Notons que si les États-Unis sont aussi un important producteur et exportateur de volaille, une interdiction liée à la grippe aviaire imposée en 2015 leur interdit d’exporter cette viande vers la Chine.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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