Quand le bâtiment va, tout va, enfin presque !

Immobilier - Depuis le début de l’année, l’investissement des ménages dans l’immobilier est en forte hausse. Au premier trimestre 2017, les ménages ont accru leurs dépenses d’investissement de 1 %, soit la septième hausse trimestrielle consécutive. Sur l’ensemble de l’année, l’INSEE prévoit une augmentation de 3,7 % après +2,4 % en 2016.

Ce regain d’intérêt pour la pierre est attisé par les faibles taux d’intérêt et par la crainte, exagérée de leur remontée. La baisse des rendements des fonds euros de l’assurance-vie a pu inciter quelques épargnants à investir dans l’immobilier même si sa rentabilité nette est faible voire très faible. L’espoir de plus-values constitue sans nul doute une des raisons de l’engouement dans la pierre. Le succès du dispositif fiscal en faveur de l’immobilier locatif, dit Pinel, contribue à la croissance de l’activité dans la construction. En un an, de juin 2016 à mai 2017, 477 600 logements ont été autorisés à la construction (en données brutes cumulées sur douze mois), soit une augmentation de 12,9 % par rapport au cumul des douze mois précédents. Sur la même période, 397 700 logements ont été mis en chantier, soit une progression de 14,0 %.

De mars à mai 2017, les autorisations de logements à la construction en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables ont fortement progressé par rapport aux trois mois précédents (+ 7,3 % après – 1,1 %) : elles sont portées par les logements collectifs, y compris en résidence (+ 11,4 % après – 5,9 %) quand les autorisations de logements individuels ralentissent à + 1,4 % après + 6,6 %.

Sur les trois derniers mois, les mises en chantier progressent plus lentement avec un gain  de + 0,7 %. Elles restent bien orientées dans l’individuel (+ 2,7 % après + 4,8 %), mais se replient légèrement dans le collectif (y compris en résidence) : – 0,6 % après une hausse de 2,4 %.

La forte demande de biens immobiliers profite en premier lieu à Paris et aux grandes métropoles comme Bordeaux, Rennes ou Nantes. Au premier trimestre 2017, le prix du mètre carré à Paris a atteint 8 942 euros en moyenne, soit 7,7 % de plus qu’au premier trimestre 2016, ce qui constitue un nouveau record. Sur l’ensemble de la France, la hausse n’a été que de 1,5 % sur un an, avec un prix du mètre carré qui s’élève à 2 532 euros. Dans les grandes métropoles, les augmentations se situent entre 4 et 8 %. La capitale est désormais deux fois plus chère que Lyon qui se situe au deuxième rang. 

Entre 2009 et aujourd’hui, les prix parisiens auraient augmenté de 45 %, contre 9 % seulement en moyenne nationale. Le marché de l’immobilier est de plus en plus segmenté en quatre blocs. Dans le premier se situent Paris et quelques villes de la petite couronne ainsi que des agglomérations très huppées de bord de mer. Les prix obéissent à des considérations de placement et ont une dimension internationale. Dans le deuxième bloc, se trouvent les métropoles en forte expansion comme Lyon ou Bordeaux. Le troisième bloc est constitué de villes de taille moyenne non touristiques ainsi que des agglomérations en difficulté économique ou démographique. Les prix de l’immobilier peuvent être soit stables soit en baisse en fonction de la situation économique. C’est le cas de Mulhouse ou Limoges. Enfin le quatrième bloc comprend les communes rurales et les villes de moins de 40 000 habitants éloignées ou à la périphérie des grandes agglomérations et non touristiques. Les prix y sont en, règle générale, orientés à la baisse.

Les notaires évaluent que plus de 880 000 ventes de maisons et d’appartements pourraient être réalisées cette année, soit une hausse de 30 % qu’en 2014. De ce fait, il n’est pas surprenant que les encours de crédit, hors renégociation, ait augmenté de 8 % en un an. Les autorités monétaires commencent à alerter sur les dangers de cette frénésie immobilière. Une hausse trop rapide des prix qui est déconnectée de l’évolution des revenus et des loyers peut déboucher sur un ajustement rapide et violent.

 

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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