Virage monétaire de la banque centrale

Asset Management - A l’issue de sa réunion se terminant le 1er novembre, la banque centrale d’Angleterre (BOE) a augmenté son taux directeur de 25 points de base à 0,50%, la première hausse des taux depuis 2007.

Le taux directeur revient ainsi sur le niveau qui prévalait entre 2009 et 2016, avant la baisse décidée en juillet 2016 suite au vote en faveur du Brexit. La banque centrale a laissé la porte ouverte à davantage de hausses de taux, tout en indiquant que le resserrement de la politique monétaire ne devrait être que graduel.

Cette décision de la BOE vise à ramener l’inflation britannique vers sa cible de 2%. L’inflation a nettement accéléré depuis le vote en faveur du Brexit (+3,0% sur un an en octobre 2017), les entreprises ayant répercuté sur le consommateur l’augmentation du prix de leurs importations suite à la dépréciation du sterling.

Les membres du Comité de politique monétaire anticipent une dissipation progressive de l’effet de la dépréciation de la devise sur l’inflation mais ils estiment que la tension du marché du travail devrait conduire à un renforcement des pressions salariales. En effet, le taux de chômage a atteint en septembre un plus bas depuis 42 ans à 4,3% alors que le niveau compatible avec une inflation stable est estimé à environ 4,5% par la banque centrale.

Cette remontée des taux intervient dans un contexte de croissance morose. Au troisième trimestre, le PIB a augmenté de +1,6% en rythme annualisé, contre +1,2% au trimestre précédent. La consommation des ménages a rebondi, après un ralentissement au deuxième trimestre lié à l’augmentation des taxes sur les véhicules polluants en avril 2017, mais l’investissement des entreprises a de nouveau ralenti et le commerce extérieur a été un frein.

 

 

Sous pression pour redonner des perspectives de croissance au pays, le chancelier de l’Echiquier Philip Hammond a annoncé, lors de sa déclaration d’automne devant le parlement, que le resserrement budgétaire prévu pour 2018/2019 serait moins important. Le gouvernement a maintenu sa prévision d’un déficit de 1,9% en 2018/2019 mais le déficit anticipé pour 2017/2018 a été revue à la baisse (2,4% contre une estimation à 2,9% en mars).

Les marges de manœuvre du gouvernement ont toutefois été limitées par la révision en baisse des prévisions de croissance par l’Office de responsabilité budgétaire (OBR), l’institut indépendant chargé de produire les prévisions économiques et budgétaires officielles. L’OBR anticipe une croissance durablement plus faible à +1,4% en moyenne sur les quatre prochaines années, contre une estimation de +2,1% en mars 2017.

Matthieu Grouès - Lazard Frères Gestion

Associé Gérant et Responsable des gestions institutionnelles

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