Temps difficiles en vue pour l’économie britannique ?

Asset Management - Les rendements des emprunts d'État britanniques (gilts) ont augmenté en prévision du relèvement des taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre (BoE) le 2 novembre, et ce, en réponse au niveau élevé de l'inflation.

La croissance du Royaume-Uni s’est certes accélérée au 3ème trimestre, mais la fragilité de l’économie devrait selon nous continuer de contenir le rythme du resserrement monétaire de la BoE. La hausse des prix (l’inflation globale a atteint son plus haut niveau en cinq ans en septembre) a des conséquences néfastes sur les dépenses des ménages dans la mesure où les salaires n’augmentent pas au même rythme.  C’est d’ailleurs ce dont ont témoigné les ventes au détail qui sont tombées à un niveau jamais observé depuis 2013 au cours du 3ème trimestre.L’indicateur économique BlackRock Macro GPS pour le Royaume-Uni a légèrement baissé comme l’illustre la ligne orange sur le graphique, laissant ainsi entrevoir une modeste révision à la baisse des prévisions du consensus à 12 mois à l’égard du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni. C’est là une situation qui contraste avec l’évolution haussière de notre indicateur GPS Macro pour les autres économies du G7 (la ligne verte) et qui nous incite à la prudence vis-à-vis de nombreux actifs britanniques.

Des perspectives de croissance modérées en raison du Brexit

Le caractère modéré des perspectives de croissance du Royaume-Uni contraste fortement avec l’année 2016, lorsque le Royaume-Uni côtoyait l’Allemagne tout en haut des graphiques relatifs aux prévisions de croissance des pays du G7. Les négociations sur le Brexit pèsent tout particulièrement sur l’économie britannique. Des progrès significatifs sur trois questions clés sont nécessaires pour que les discussions puissent enfin passer au sujet des relations commerciales post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) : les droits des citoyens de l’UE au Royaume-Uni et vice versa, les engagements financiers du Royaume-Uni vis-à-vis de l’UE et enfin, la question de la frontière irlandaise. Lors de leur récent sommet, les dirigeants européens ont indiqué que certains progrès avaient certes été accomplis sur ces questions au cours des dernières semaines, mais qu’ils n’avaient toutefois pas été suffisants pour faire avancer les négociations.

L’élément clé afin de soutenir les investissements et la confiance des entreprises au Royaume-Uni est un accord sur une période de transition qui amortirait les conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l’UE en mars 2019 en permettant au Royaume-Uni de poursuivre ses relations commerciales sur la base des conditions existantes. A ce stade, nous entrevoyons la conclusion d’un accord « de principe » sur une période de transition d’ici la fin du 1er trimestre 2018, mais cela n’est pas acquis d’avance. L’incertitude est grande et plus elle durera, plus elle pénalisera l’économie intérieure. Plus nous nous rapprocherons du mois de mars 2019 sans la conclusion d’un accord et plus les sociétés domiciliées au Royaume-Uni commenceront à élaborer des plans en prévision d’un possible Brexit sans accord.

Ces perspectives de croissance modérées ont des conséquences pour les actifs britanniques. Nous nous montrons prudents à court terme à l’égard de la duration des actifs obligataires au Royaume-Uni dans la mesure où la BoE est susceptible de relever ses taux d’intérêt cette semaine. Les prochaines décisions de la Banque centrale sont moins claires et pourraient s’inspirer des marchés obligataires internationaux. De même, nous observons le maintien de la livre sterling à court terme, mais les risques qui l’entourent sont toutefois baissiers à moyen terme dans la mesure où elle fait office de baromètre des inquiétudes liées au Brexit. Nous identifions des risques similaires sur le marché des actions britannique des entreprises exposées au marché domestique, raison pour laquelle nous privilégions les sociétés britanniques et celles de la zone euro exposées à la croissance soutenue de l’économie mondiale.

Isabelle Mateos y Lago - BlackRock Investment Institute

Directrice Générale - Stratège en chef Gestion diversifiée

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