Le Royaume-Uni, le début des problèmes

Asset Management - Le Royaume-Uni n’a enregistré qu’une croissance de 1,7 % en 2016 contre 2 % prévue lors de la première estimation. La révision à la baisse porte essentiellement sur le début d’année, ce qui pourrait laisser supposer que le Brexit n’est pas responsable de ce repli d’autant plus que l’activité s’est accélérée au cours des derniers mois.

La consommation et les exportations favorisées par la dépréciation de la livre sterling ont soutenu l’activité. Au cours du dernier trimestre, l’investissement était en recul, preuve que face aux incertitudes liées au Brexit, les entreprises commencent à différer la réalisation de certains de leurs projets. La hausse des prix devrait commencer à peser sur le pouvoir d’achat des ménages en 2017. De ce fait, les instituts de conjoncture tablent, pour cette année, sur une croissance avoisinant les 1,5 %.

Le Brexit commence à avoir des effets au niveau de l’immigration.

Ainsi, selon l’Office national des statistiques (ONS), l’immigration nette (immigration moins émigration) a atteint, au Royaume-Uni, 273 000 personnes entre octobre 2015 et septembre 2016, pour moitié venant de l’Union européenne et pour moitié du reste du monde. Ce résultat témoigne d’une baisse de 49 000 personnes par rapport à l’année précédente. Il s’agit, par ailleurs, du niveau le plus bas depuis deux ans.

39 000 migrants venant des pays devenus membres de l’Union en 2004 (Pologne, République tchèque, Slovaquie, pays baltes, Slovénie et Hongrie) ont quitté le Royaume-Uni sur cette période. Dans le même temps, le nombre d’arrivées venant de ces pays a baissé de 10 000 personnes.

L’attractivité du Royaume-Uni s’est dégradée également du fait de la dépréciation de la livre sterling de 18 % depuis le référendum, les salaires britanniques sont désormais moins intéressants, particulièrement pour ceux qui envoient de l’argent dans leur pays d’origine.

Dans le système de santé britannique, 42 % du personnel européen envisagent de quitter le Royaume-Uni, selon un récent sondage de la British Medical Association (BMA). Or, les ressortissants européens représentent 7 % des employés de ce secteur.

Les travailleurs non britanniques craignent de perdre leur couverture sociale voire leur droit à résidence compte tenu des dernières déclarations de Theresa May. Celle-ci a déclaré qu’elle refusera de garantir le droit de résidence des Européens déjà installés au Royaume-Uni sauf pour ceux provenant de pays de l’Union accordant la réciprocité aux citoyens britanniques. C’est une manière de contraindre les Européens à signer un accord avec le Royaume-Uni.

Dans les prochains mois tant au sein du Royaume-Uni qu’au sein de l’Union européenne, les discussions sur le Brexit risquent d’être vives.

La meilleure preuve vient d’être fournie par le résultat de la législative partielle qui s’est tenue le 23 février dernier dans le bastion pro-Brexit de Stoke-on-Trent. Le chef du parti europhobe d’extrême droite United Kingdom Independence Party (UKIP – « Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni »), a été battu par le candidat du Labour, Gareth Snell. Cette circonscription située au cœur du Royaume-Uni et touchée par la désindustrialisation avait voté pour le Brexit à près de 70 %.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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