Robo advisor : quand l’humain rencontre le robot

Asset Management - Inspirés par le succès de leurs homologues américains, les robo advisors tricolores font désormais leur place sur le marché. Loin des idées reçues, leur gestion algorithmique des portefeuilles n’est pourtant pas synonyme de disparition de l’humain. Bien au contraire, le conseiller performe là où est sa valeur ajoutée.

Confier son argent à un robot ? Les Français semblent encore frileux sur le sujet. Selon une étude OpinionWay pour VMware sur l’intelligence artificielle, 39% des personnes interrogées n’ont pas confiance dans les nouvelles technologies pour gérer leurs informations financières sans intervention humaine. Et pourtant, même s’ils sont encore jeunes dans l’Hexagone, les robo advisors connaissent leur apogée outre atlantique. Betterment, l’un des pionniers lancé en 2010, revendique aujourd’hui pas moins de 8 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Souffrant parfois d’une image écornée suite à la crise de 2008, les associant à une vision spéculative et court-termiste, les robo advisors prouvent au contraire leur efficacité à gérer des portefeuilles et des projets d’investissement de manière optimale à long terme et brillent là où l’humain atteint ses limites.

Les algorithmes pour une gestion optimale des portefeuilles

Car une gestion de portefeuilles efficace basée uniquement sur de l’expertise humaine, manuelle et intuitive, est une illusion. Et ce, en raison du caractère aléatoire du marché mais aussi des certaines réactions humaines contre-productives. Le courant de la finance comportementale, qui analyse des stratégies d’investissements en se basant sur des aspects tant économiques, sociologiques que psychologiques, a ainsi mis en évidence le rôle décisif des biais cognitifs. Des biais qui poussent les investisseurs à prendre des décisions non optimales en termes de gestion de portefeuille. À titre d’exemple, le biais rétrospectif amène les individus à penser que puisque le passé peut s’expliquer, le futur peut se prédire. De fait, les investisseurs surestiment leur capacité à anticiper l’évolution des cours de bourse. Ils ont également tendance à être optimistes en se focalisant sur leurs propres efforts et compétences et ainsi estimer leurs capacités supérieures à la moyenne. En d’autres termes : l’illusion de compétence. Or, penser pouvoir battre continuellement le marché n’est ni rationnel, ni concevable.

Résultat : ces comportements, intrinsèques à la nature humaine, contribuent à réduire le rendement des portefeuilles. C’est ainsi qu’une récente étude SPIVA a montré que la majorité des fonds actifs en Europe ont sous performé par rapport à leur indice de référence, sur les 10 dernières années ! C’est là où la gestion algorithmique trouve toute sa place. Elle signe la fin de la subjectivité, des erreurs humaines ou opérationnelles, des biais cognitifs et des réactions émotionnelles improductives. Grâce à une puissance de calcul bien plus importante et instantanée, les algorithmes permettent un suivi et un contrôle constants plus efficaces.

L’humain pour une relation client de qualité

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Même si des voix comme celles de Stephen Hawking s’élèvent contre l’intelligence artificielle qui « pourrait mettre fin à la race humaine », les robo advisors ne souhaitent pas la disparition de l’humain, bien au contraire. Car l’intelligence des algorithmes, fruit de l’intégration d’un ensemble de connaissances et de savoir-faire, est avant tout le reflet de celle qui les crée. Derrière tout robo advisor se cache toujours des ingénieurs financiers, des ingénieurs informatiques mais aussi des conseillers en gestion de patrimoine.

Et surtout, l’arrivée des algorithmes libère du temps à l’humain et permet de le réallouer là où il possède une valeur ajoutée forte, notamment dans l’analyse patrimoniale et fiscale de cas complexes, mais également au cœur de la relation client. Alors que des chatbots comme Djingo d’Orange Bank, basés sur l’intelligence artificielle de Watson, semblent pour le moment encore limités pour répondre à l’ensemble des problématiques de la relation client, le conseiller prouve sa capacité à écouter l’épargnant, à l’aider dans l’estimation de ses flux financiers futurs et la priorisation de ses objectifs, et à l’accompagner dans ses décisions complexes d’investissement. En parallèle de son offre digitale, sans conseil et avec des frais moins élevés, Betterment propose ainsi un accès illimité à du conseil humain pour tous ses clients investissant plus de 250 000 dollars. La startup américaine l’a bien compris : le succès des robo advisors passera par le savant mélange de l’humain et de l’algorithme.