Quel été pour les marchés ?

Asset Management - Après un printemps ensoleillé sur les marchés, qu’attendre pour cet été maintenant que les deux grands banquiers centraux se sont exprimés ces deux dernières semaines ?

Le front politique européen s’est considérablement éclairci ces derniers mois. Il n’y a eu aucun succès pour les extrémistes ni en Autriche, ni en Hollande, ni en France et les probabilités en Allemagne et même en Italie sont extrêmement réduites. Une relance de la construction européenne par le couple franco-allemand est attendue pour l’automne. Seule la Grande-Bretagne semble un peu perdue à force d’élections contradictoires, à l’image de sa première ministre, peu chanceuse et peu populaire, et dont on doute qu’elle trouvera le chemin d’un « smart Brexit ».

Aux Etats-Unis, le feuilleton Trump va s’accélérer car les médias américains n’aiment ni le président ni la concurrence de ses tweets. Un impeachment est un processus très aléatoire mais hors événement géopolitique de grande ampleur, Donald Trump n’aura ni la confiance du pays, ni celle du congrès. Son programme de relance non financé ne sera pas voté par la majorité républicaine.  A ce stade, ce n’est pas grave mais cela pourrait être préoccupant à l’automne après les élections chinoises.

En effet, la seule vraie locomotive de l’économie mondiale est pilotée à Pékin. Il n’est pas certain, qu’une fois sa réélection assurée en octobre, le président Xi Jinping continue à alimenter la motrice de la croissance, à coups de centaines de milliards d’équivalent dollars d’investissements peu productifs financés par des banques peu regardantes et un « shadow banking » peu recommandable.

Observation de l’accélération ou la décélération de la croissance.

A ce stade, tout va bien globalement pour la croissance économique dans le Monde et ce presque partout. Quelques signaux néanmoins sont moins favorables à l’image des indices « Citi Surprise » devenus négatifs aux Etats-Unis. Le cycle de reprise économique outre Atlantique peut être considéré comme « agé » et à risque.

Analyse des dynamiques monétaires

Mario Draghi a donné, le 8 juin, l’impression d’être sous pression allemande. Il a dû abandonner la possibilité théorique d’abaisser encore les taux d’intérêts déjà négatifs mais n’a pas officiellement annoncé la réduction du volume du QE en 2018. Néanmoins certains observateurs estiment que le montant des achats mensuels sera ramené à 30 milliards en janvier prochain contre 60 milliards aujourd’hui.

La politique monétaire est exagérément accommodante à ce stade du cycle économique et de marché. Cependant Mario Draghi estime que l’inflation core (c’est-à-dire hors effet prix de l’énergie) reste suffisamment basse pour qu’on ne puisse considérer qu’il agit de façon trop laxiste. Jusqu’à la fin de son mandat à l’automne 2019, le président de la Banque Centrale Européenne fera probablement le maximum acceptable par l’Allemagne.

Aux Etats-Unis, Janet Yellen est apparue à contrario de moins en moins colombe. Quelques heures avant son intervention, un chiffre mitigé d’inflation a mis en doute la décision de hausse des taux (à 1,25%) pourtant très largement attendue et confirmée in fine. Le mandat de la Présidente de la Fed s’achèvera en fin d’année. Janet Yellen ne souhaite probablement pas rester dans l’histoire comme une présidente irresponsable.

La Fed s’apprête probablement à augmenter encore une fois ses taux d’intérêt en 2017 et aussi à réduire de 10 milliards de dollars par mois la taille de son bilan. Cette réduction s’accroitra jusqu’à 50 milliards de dollars par mois à l’horizon 2019-2020.  Le cours du billet vert en a tenu compte et se reprend autour de 1,12$ pour 1€ après deux mois de faiblesse.

Valorisations des marchés d’actions et aux croissances bénéficiaires

Aux Etats-Unis, le marché boursier demeure cher à 18,4 fois les résultats attendus pour les douze mois à venir. Les bénéfices par action attendus en 2017 se situent à +6,6% sans amélioration depuis janvier.

En Zone Euro, les actions sont convenablement valorisées à 14,8 fois les résultats attendus pour les douze mois à venir. Les bénéfices par action attendus en 2017 se situent à +17,1% en bonne amélioration depuis le début de l’année pour la première fois depuis bien longtemps ! La publication des résultats des entreprises en juillet sera donc particulièrement attendue…

La dynamique des marchés

Ceux-ci restent globalement bien orientés tant pour les obligations que pour les actions. Les flux d’investissement favorisent l’Europe mais encore timidement par rapport à l’ampleur des sorties constatées en 2016.

Le sujet du pétrole reste d’actualité. Aux Etats-Unis, grâce aux progrès technologiques et la baisse des coûts de financement, les ouvertures ou réouvertures de puits s’accroissent rapidement et se traduisent notamment par des exportations de 0,8 millions de barils/jour.

Au Moyen-Orient, la situation est inextricable et peut se traduire soit par un conflit local réduisant la production soit par un abandon de l’accord de l’OPEP/ non OPEP sur la réduction des exportations. Le prix d’équilibre théorique est autour de 50 / 55$. C’est un prix économiquement acceptable par les pays consommateurs et producteurs, mais une dérive significative par rapport à ce prix pivot n’est pas à exclure.

La grande question de l’été pourrait être celle de la poursuite ou non, de l’envolée des valeurs technologiques américaines et chinoises. Elles sont désormais chères mais ne font qu’entrer dans une bulle de valorisation relative. On est encore loin des sommets connus en 2000 ! L’impact dans notre vie quotidienne des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est tel que rien ne parait inimaginable en termes de hausse boursière. Ceci étant dit, les étés sont propices à de brusques reculs sans annoncer pour autant la fin d’une bulle.

Guillaume Dard - Montpensier Finance

Président de Montpensier Finance

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