Le panorama politique européen en mouvement

Asset Management - Avec la fermeture des marchés américains et chinois, la planète financière a marché au ralenti lundi. Ainsi le volume des transactions sur les actions européennes (référence : Stoxx 600) a été de moitié inférieure à la moyenne mesurée sur les 30 séances précédentes. Après la belle semaine passée, l’ambiance a été plus réservée, avec des baisses côté actions et un peu de hausse côté actions. Le repli s'est poursuit mardi sur les bourses asiatiques.

L’environnement de marché est pour l’heure davantage façonné par des considérations politiques que par des nouvelles politiques. Avec l’Europe sur le devant de la scène.

Commençons par les élections législatives italiennes du 4 mars prochain. La publication de sondages sur les intentions de vote n’est désormais plus autorisée. L’image actuelle est la suivante. Le Mouvement 5 Etoiles continue de faire la course en tête, mais est handicapé par son refus d’entrer dans un jeu d’alliance. En la matière, le regard porté sur le poids relatif de chaque coalition fait sans doute davantage sens. Le centre-droit pèse autour de 38% des intentions de vote, le centre-gauche et le Mouvement 5 Etoiles faisant chacun environ 27%. Fort de ce constat, la question-clé est de savoir si le centre-droit est en mesure de progresser au cours des 2 petites semaines de campagne qui restent et ainsi d’emporter une majorité des sièges au Parlement. Sur le papier, ce n’est pas impossible ; même si cela paraît difficile. En cas de réponse positive, restera à savoir qui de Forza Italia ou de la Ligue du Nord a obtenu le plus de suffrages et le plus de sièges. Le second parti est moins europhile que le premier. En cas d’impossibilité pour le centre-droit de former une majorité « autonome », la logique des discussions et des marchandages se mettra en place. Le choix des possibles est large. Sur fond de performances économiques italiennes en amélioration, ces incertitudes ne sont pas ressenties comme un risque par les marchés.

Passons à l’Allemagne. Notons d’abord ce sondage qui place, en matière d’intentions de vote et en cas de nouvelles élections générales, le SPD derrière le parti d’extrême-droite AfD : 15,5% contre 16%. De quoi donner à penser aux militants sociaux-démocrates, qui sont en train de voter sur l’accord d’une grande coalition avec les Chrétiens-démocrates (comprendre ; les faire hésiter à donner leur aval). Remarquons ensuite que la succession d’Angela Merkel à la tête de la CDU commence à se préparer. Annegret Kramp-Karrenbauer est nommée secrétaire-général du parti. Elle en devient donc le Numéro 2, derrière la Présidente Merkel. La ministre-président du Land de Sarre est décrite comme catholique et centriste. Les Français retiendront qu’une sarroise est généralement francophile et les Allemands se souviendront que l’arrivée de Merkel au secrétariat-général en 1998 avait « sonné » la fin de l’ère Kohl. L’histoire peut-elle se répéter ?

Finissons par la distribution des rôles au sein des institutions de l’UE. L’Espagnol de Guindos prendra la Vice-présidence de la BCE à compter du mois de mai prochain. Et tout le monde se passionner pour la signification en termes de profil des nouveaux entrants au Conseil exécutif de la banque central. On sait que l’année prochaine Praet, Draghi et Coeuré doivent se retirer. L’actuel ministre des finances est ressortissant d’un pays du sud ; nul doute. Il n’est pas un économiste professionnel et a la réputation d’être plutôt conservateur et en faveur de la rigueur. Devrait-on déduire de ce tableau que le futur Président de la BCE devra être du Nord, avec une vraie expérience d’économiste et plus « colombe » que « faucon » ? Bien sûr que non ! En fait, je me demande si le point à suivre n’est pas avant tout le jeu de l’Allemagne, alors que des avancées institutionnelles au sein de l’UE devraient avoir lieu. Son intérêt ne va-t-il pas se porter d’abord sur la création du Fonds Monétaire Européen et sur le développement d’une capacité budgétaire pour la Zone Euro ? Quitte à ne pas prétendre à ce que la présidence de la BCE revienne à un de ses ressortissants.