La nette détente des taux d’intérêt réels aux Etats-Unis, au plus bas depuis avril 2015, a aussi constitué un élément positif pour le métal jaune, alors que le dollar US s’est plutôt renforcé sur la période et que les anticipations inflationnistes se sont modérées, après avoir atteint un point haut depuis octobre 2014.
Pour autant, la dynamique du marché aurifère a ralenti en fin de mois. Les intentions de la Fed, face à une économie en accélération, se sont précisées, et la probabilité d’une hausse de ses taux directeurs, dès mars, s’établit maintenant à ~90%. Rien dans le discours de Trump devant le Congrès, le 28 février n’a détourné la Fed de cette voie. De quoi inciter les investisseurs à prendre quelques profits, tout du moins à court-terme.
L’évolution des taux d’intérêt réels demeurera clé pour appréhender celle du métal jaune ces prochains mois. Maintenant, le déclin des perspectives inflationnistes, associé à la proximité d’une fin de cycle potentielle aux US, rendrait délicat le maintien du rythme de remontée des taux de la Fed. Les périodes marquées par des taux Fed Funds réels négatifs ont été très propices à l’or. Le maintien par la Fed d’une position « behind the curve », remontant ses taux directeurs très progressivement, constituerait de fait un très bon scénario.
Après des prises de profits marquées en fin d’année, et un début d’année un peu atone, le marché de l’or « physique » s’est réveillé en février. L’équivalent de plus de 55 tonnes ont été accumulées en février.
Cependant, et historiquement, si la saisonnalité des deux premiers mois de l’année est plutôt favorable au marché de l’or, la période allant de mars jusqu’au début de l’été est souvent plus calme, mai ayant constitué le mois le plus négatif en moyenne ces 6 dernières années. Ceci étant dit, la saisonnalité du marché de l’or qui s’expliquait principalement par les flux sur le physique, notamment autour du nouvel an chinois, de la fête indienne de Diwali et la préparation de la saison des mariages, s’est amoindrie en raison de l’influence croissante des flux financiers. L’incertitude pesant sur les mois qui nous séparent de l’été pourrait cette année contrarier cette saisonnalité…
Maintien de la dynamique pour les autres « Commodities », dont les cours sont restés bien orientés en février. Le nickel, bondissant de plus de 10% ($) sur le mois a profité de l’annonce, par le gouvernement philippin, de la fermeture programmée de 21 mines sur son territoire.
Les prix du minerai de fer, et de l’aluminium, respectivement en hausse de 9,5% ($) et 5,75% ($) ont bénéficié des réductions de production annoncées par la Chine pour des raisons environnementales.
Les cours du cuivre sont restés soutenus par la poursuite de la grève à la mine d’Escondida (Chili) produisant ~5/6% du cuivre mondial et du bras de fer opposant Freeport McMoran au gouvernement indonésien concernant la mine géante de Grasberg, dont la production est stoppée.
Les autres marchés se sont montrés plus calmes, à l’exception du charbon métallurgique, en baisse de 5% ($) dont les cours se normalisent après la flambée de 2016, et l’uranium, chutant de près de 7%, alors que le japonais TEPCO a mis fin à un contrat d’approvisionnement avec le canadien Cameco.
Maintien des grandes tendances au sein des Ressources Naturelles en février. L’énergie qui avait enregistré la meilleure performance au 4ème trimestre 2016, a poursuivi sa consolidation, abandonnant ~5% ($) depuis le début de l’année. L’observation d’un respect à presque 90% de ses engagement par l’OPEP de réduire sa production n’a pas permis une accélération des cours du brut. Cependant, la base de comparaison s’est significativement améliorée permettant d’envisager des jours meilleurs pour l’industrie pétrolière.
Les valeurs papetières et du secteur du bois ont enregistré les meilleures performances en février (+4,9% – $). A l’inverse, les minières industrielles (-4% – $) et les matériaux de construction (-1,7% – $) , qui avaient largement bénéficié des perspectives du plan d’infrastructures annoncé par Donald Trump, ont fait l’objet de prises de profits. La chimie s’est légèrement appréciée (+1% – $).
Les mines aurifères ont marqué le pas en février (-4% – $) après un début d’année sur les « chapeaux de roues », mais parviennent à conserver une confortable avance depuis le début de l’année (+9.3% – $).
La volatilité du secteur demeure importante. Après le formidable rebond (~+150% – $) enregistré sur la période janvier – décembre 2016, les minières ont retracé les 2/3 de mouvement, pour rebondir de nouveau de ~+35% ($) sur leur récent point bas de mi-décembre ! Sur 2 ans, et en dépit de ces grandes vagues, le secteur des aurifères surperforme l’or et les actions globales (MSCI World).
Depuis leur point haut de septembre 2011, le secteur demeure néanmoins en net repli : ~-65% ($) pour les grandes valeurs (GDX) et ~ -75% ($) pour les petites valeurs (GDXJ).
Les perspectives bénéficiaires des aurifères ont continué d’être révisées en baisse, mais demeurent en nette progression (+80%) sur un an glissant. La tendance est meilleure, en revanche pour les matériaux et surtout l’énergie, dont les révisions bénéficiaires conservent un bon rythme, affichant aussi une amélioration de +76% sur un an glissant. Tendance plus modérée pour les matériaux en général, mais bien orientée quand même, avec une amélioration des perspectives de +33% sur un an glissant, à comparer des révisions haussières de seulement +8% pour les actions globales (MSCI World).
Si la valorisation des mines d’or et des matériaux ne montre pas de grand changement par rapport au mois dernier, celle de l’énergie poursuit sa normalisation à grande vitesse, grâce aux forte révisions haussières.