Or, Mines & Ressources Naturelles… Alignement des planètes en 2018 ? 

Asset Management - L’alignement des planètes semble se former pour les ressources naturelles. Accélération de la croissance mondiale, remontée des perspectives inflationnistes, faiblesse toujours du dollar US, investisseurs toujours largement sous-exposés… Tous les clignotants sont au vert pour espérer (enfin) un retour en grâce de la thématique qui tend par ailleurs à bien se comporter durant les phases de remontée des taux d’intérêt.

L’or a bien entamé 2018, touchant un plus haut depuis août 2016 à $1366 avant de se replier en fin de mois. La faiblesse persistante du dollar US, aidée par les propos du secrétaire du Trésor des Etats-Unis, Steven Mnuchin, vantant les vertus d’un dollar faible, constitue toujours un moteur très positif. Rarement les positions spéculatives « shorts » n’ont été aussi importantes sur le billet vert ! La remontée des anticipations inflationnistes aux Etats-Unis en est un autre et pourrait se révéler le «cygne noir » de 2018. A noter la remonté du break-even 10 ans US, au plus haut depuis septembre 2014. Du côté des signaux faibles, le manque de vigueur du yen soulignant un appétit au risque des investisseurs toujours important (mais qui pourrait s’inverser rapidement) et une remontée assez forte des taux réels US. Le 10 ans repassant la barre des 0.60%, due notamment à l’accélération baissière des emprunts d’Etats américains.

 

Début d’année sur les ETPs adossés à l’or physique avec une progression des encours de près de 30 tonnes en janvier. La route est encore longue avant de retrouver le niveau record observé fin 2012 (2670 tonnes), mais la direction est la bonne…

 

Autres métaux précieux

L’argent métal est de nouveau à la traîne par rapport à l’or, le « mint ratio » (ratio or/argent) repassant le niveau de 78x, toujours très au-dessus des niveaux moyens observés sur 10 ans, 20 ans et 30 ans, s’établissant respectivement à 63.8x, 61,7x et 66.5x, permettant d’envisager un rattrapage significatif.

Record historique du palladium dont les cours ($1140/oz) ont dépassé en milieu de mois le sommet de 2001 ($1125/oz) ! La prime désormais observée des cours du palladium par rapport à ceux du platine semble bien installée. Pas de répit pour ce dernier dont le ratio vs or se situe maintenant en-deçà de 0.75x.

 

Quid des autres commodities ?

Début d’année contrasté pour les métaux industriels. Si le nickel et le zinc ont démarré sur les chapeaux de roues avec des hausses de +6%/8% ($), le cuivre et l’aluminium se sont effrités de ~2% ($) ; le minerai de fer quant à lui, grappillant ~1% ($). Les nouvelles du côté de la Chine, dont l’économie a accéléré en 2017 pour la première fois depuis 2011, avec un PNB en hausse de +6.9% vs +6.7% l’année précédente a soutenu le marché et les perspectives pour 2018 semblent aujourd’hui assez constructives avec une hausse attendue de ~+6%/6.5%.

Plus intéressant encore, 2018 devrait être une année d’expansion économique au niveau mondial. Ces phases de marché se révèlent souvent particulièrement favorables aux commodities. Après avoir culminé en 2008, juste avant la grande crise financière, les matières premières ont lourdement chuté et leur performance relative au S&P 500 est revenue sur les points bas observés juste avant l’éclatement de la bulle internet fin 99 ou en 71/72 avant la 1ère crise pétrolière.

La remontée des anticipations inflationnistes, comme en témoigne le rebond des taux break-even US constitue un élément de soutien supplémentaire pour les matières premières. 2018 pourrait être leur année…

Poursuite du rallye des cours du pétrole en ce début d’année, et plus haut atteint depuis décembre 2014 !

La hausse de la production pétrolière américaine, repassant la barre des 10Mb/j, pour la première fois depuis 1970, sur le point de supplanter celle de l’Arabie Saoudite et de la Russie n’a pas ému le marché. Convaincus par la détermination de l’OPEP de faire revenir les stocks sur leur moyenne des 5 dernières années, objectif proche d’être atteint, les hedges funds n’ont jamais été aussi « longs » sur les marchés à terme. L’inversion de la courbe à terme du pétrole (Brent & WTI), adoptant une structure de « backward » contre celle d’un « contango » l’année précédente constitue un autre facteur de soutien pour le pétrole, par la génération de gains de portage. Depuis 1994, les périodes de « backward » ont généré des rendements annuels moyens de +14% contre un gain moyen de 7% sur l’ensemble de la période et des pertes moyennes de 6.1% pour les seules périodes de « contango ». De quoi inciter les spéculateurs à maintenir leurs positions.

Le point boursier

Démarrage timide de la thématique des ressources naturelles dans son ensemble avec des performances en retrait par rapport aux actions globales, à l’exception des métaux & mines. Les mines d’or peinent à capter la hausse des cours du métal jaune, affichant un retard de performance d’environ 0.5% ($) en janvier et de plus de 10% ($) sur un an. La multiplication de situations spécifiques ont rendu l’approche d’investissement plus difficile et a accentué cette décorrélation.

Valorisation des Ressources Naturelles

Nette accélération du momentum bénéficiaire des ressources naturelles depuis quelques mois, et en particulier celui du secteur de l’énergie dont les perspectives ont été revues de plus de 30% sur un an glissant contre ~20% pour les actions globales. Depuis le point bas de début 2016, la remontée est spectaculaire et loin d’être reflétée dans l’évolution boursière du secteur.

Côté valorisation, les matériaux évoluent autour de leur moyenne relative au marché. Leur dynamique bénéficiaire leur confère toujours un avantage par rapport aux actions globales. La valorisation relative du secteur de l’énergie demeure élevée d’un point de vue historique, mais la normalisation s’est nettement accélérée ces dernières semaines, le consensus ajustant à la hausse les cours moyens du brent attendus pour 2018, maintenant à $63/b contre $58/b en tout début d’année.

Pas de réel changement du côté des mines d’or, suivant l’approche par les actifs nets (P/NAV). A noter cependant qu’avec un multiple de valorisation toujours inférieur à 1x, le marché n’accorde toujours aucun crédit au secteur aurifère quant à sa capacité à faire croître la valorisation de ses actifs miniers. A suivre…

Arnaud du Plessis

Gérant actions thématiques spécialisé sur l’or et les ressources naturelles

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