O2 et Three : le mariage à 14 milliards n’aura pas lieu

Asset Management - "Si quelqu'un a quelque raison que ce soit de s'opposer à ce mariage, qu'il parle maintenant, ou se taise à jamais!"  L’Autorité de la concurrence européenne a décidé de prendre la parole le 11 mai et d'empêcher l'union à 14,5 milliards de dollars des deux géants de la télécommunication britannique : O2, appartenant à l'espagnol Telefonica, qui devait être racheté par Three, appartenant au conglomérat Hongkongais Hutchinson Whampoa.

En effet, Margrethe Vestager, la Commissaire européenne à la concurrence, explique sa décision dans un communiqué, en déclarant que la concurrence était nécessaire dans ce secteur et que cette union aurait des conséquences néfastes pour les consommateurs. Connue pour ses combats contre les GAFA, Mc Donald’s ou Disney, l’ancienne ministre de l’économie danoise est comparée à la dame de fer. Ainsi, elle s’acharne à défendre l’Europe et sa politique en termes de concurrence, même avec les plus grands comme l’américain Google et sa position abusive dans les moteurs de recherches et les produits Android, ou le russe Gazprom pour ses pratiques sur le marche du gaz naturel.

Les fusions dans le secteur semblent présenter de plus en plus de difficultés, et les gouvernements se sont montrés réticents à plusieurs reprises, comme l’illustre l’exemple de la fusion avortée d’Orange et de Bouygues Telecom. En effet, le risque serait que les concentrations entrainent une hausse des prix pour les consommateurs. Or les européens payent en moyenne deux fois moins leur forfait de téléphone mobile que les américains.

Ce veto suit donc une tendance, et ne constitue pas une surprise. Toutefois, ces mêmes concentrations pourraient permettre aux télécoms européennes d’améliorer leurs services et infrastructures et pour devenir aussi importants que les géants mondiaux qui viennent d’Asie ou d’Amérique.

L’échec de cette fusion est l’occasion ne se demander alors s’il vaudrait mieux privilégier les consommateurs afin de leur laisser du choix (comme en Europe), ou bien enlever les barrières du secteur et leur permettre de grandir au travers de la concentration (comme aux Etats-Unis)?

 

Frédéric Ichay - Pinsent Masons

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