Les multinationales françaises à la conquête du monde

Asset Management - Dans les classements internationaux, la France figure parmi les pays comptant le plus d’entreprises multinationales, faisant jeu égal avec le Royaume-Uni et dépassant l’Allemagne.

L’automobile, les cosmétiques, le luxe, le pétrole, le secteur financier, le tourisme, le transport ou l’agroalimentaire sont autant de domaines où la France est présente à l’international. En revanche, notre pays est absent dans le secteur de l’électronique, de l’informatique, de la machine-outil. Par ailleurs, nos positions s’effritent en raison de la disparition de plusieurs entreprises industrielles ou de leur rachat par des groupes étrangers (aluminium par exemple). Néanmoins, en 2014, les firmes multinationales françaises (hors secteur bancaire) contrôlent 37 000 filiales à l’étranger dans plus de 190 pays. Ces filiales emploient 5,5 millions de salariés contre 5,4 millions en 2013. Ainsi, 56 % des effectifs des groupes français à rayonnement international exercent leurs activités à l’étranger. Elles réalisent 1 248 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé, soit 54 % du chiffre d’affaires total.

La moitié des firmes multinationales françaises est implantée dans au moins 3 pays. La moitié des grandes firmes multinationales l’est dans au moins 16 pays. L’Union européenne reste la première zone d’implantation des firmes multinationales françaises, avec 38 % des effectifs à l’étranger et 2,1 millions de salariés, dont la moitié dans trois pays : le Royaume-Uni (392 000 salariés), l’Allemagne (349 000) et l’Espagne (299 000). Le continent nord-américain (Aléna ; Canada, États-Unis et Mexique) accueille 15 % des effectifs (dont 11 % pour les États-Unis seuls). Figurent également parmi les pays dans lesquels les entreprises sont présentes, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, ces pays regroupent 25 % des salariés travaillant à l’étranger.

Entre 2013 et 2014, les effectifs ont particulièrement augmenté en Chine (+86 300 salariés), au Royaume-Uni (+21 400 salariés) et en Inde (+17 700 salariés). A contrario, ils ont fortement baissé en Argentine (-7 300 salariés), en Uruguay (-5 500 salariés) et au Portugal (-5 200 salariés). Les salariés des firmes multinationales françaises qui travaillent à l’étranger sont pour 38 % employés dans l’industrie, pour 35 % dans les services, pour 23 % dans le commerce, pour 4 % dans la construction et pour moins de 1 % dans l’agriculture. Par rapport à son poids national, l’industrie est donc surreprésentée. L’industrie domine au Mexique (62 % des salariés), en République tchèque, en Allemagne et en Roumanie. En revanche, les implantations françaises sont orientées majoritairement vers les services marchands aux Pays-Bas (73 % des salariés), en Inde, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le Brésil, la Chine et la Russie se distinguent par la part prépondérante du commerce (entre 54 % et 46 % des salariés de firmes multinationales françaises y travaillent).

En moyenne sur les 190 pays d’implantation, le coût salarial par tête dans les filiales étrangères des firmes multinationales françaises s’élève à 36 000 euros par an. Il varie très fortement selon le pays d’implantation de la filiale : de 95 000 euros par an en Norvège à 3 500 euros à Madagascar. Ce coût salarial par tête est significativement plus élevé au sein de l’Union européenne (47 000 euros) que dans le reste du monde (30 000 euros). Le coût salarial par tête est moins dispersé entre pays de l’Union, mais reste nettement moindre dans les pays d’Europe centrale et orientale (18 000 euros annuels) que dans le reste de l’Union (54 000 euros). Les pays d’Europe centrale et orientale sont ainsi plus proches du Brésil, de la Russie, de l’Inde ou de la Chine (16 000 euros annuels) que du reste de l’Union.

Le coût salarial par tête est plus élevé dans l’industrie, la construction et les services (respectivement 41 000 euros, 39 000 euros et 39 000 euros) que dans le commerce et l’agriculture (respectivement 24 000 euros et 20 000 euros).

Des investissements étrangers majoritairement en dehors de l’Union européenne

En 2014, les firmes multinationales françaises ont effectué 62,3 milliards d’investissements corporels dans leurs filiales à l’étranger. Comme en 2013, cet investissement correspond à 5 % de leur chiffre d’affaires consolidé à l’étranger. 36 % de l’investissement est effectué dans l’Union (37 % en 2013). Les pays où il est le plus élevé sont toujours les États-Unis, avec 5,8 milliards d’euros en 2014, suivis par le Royaume-Uni, avec 5,7 milliards d’euros. 18 pays reçoivent plus de 1,0 milliard d’euros d’investissement de la part des firmes multinationales françaises, soit les trois quarts de leurs investissements corporels à l’étranger.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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