Les mots-clés de la Fed : « robuste » et « davantage »

Asset Management - La « grande affaire » de la soirée de mercredi a évidemment été la publication du communiqué de la Fed, au sortir du comité de politique monétaire américain (FOMC). Aucun changement de réglage n’était attendu. Ce fût bien le cas. En fait, l’attention se portait sur l’après : confirmation des anticipations d’une nouvelle hausse du taux directeur en mars prochain et meilleure compréhension de ce que pourrait être l’attitude de la banque centrale au cours des prochains trimestres. En gardant à l’esprit que Jay Powell s’installe aux commandes dès le weekend prochain et que le FOMC est en passe de connaître un profond remaniement de ses membres.

Commençons par l’actualisation du diagnostic proposé par la Fed concernant l’économie réelle. On peut la résumer en cinq points :

  • les dépenses des ménages sont considérées comme robustes et non plus comme modérées ;
  • l’investissement des entreprises est lui aussi qualifié de robuste ; on parlait auparavant de rebond au cours des quelques trimestres écoulés ;
  • la dynamique de l’emploi est toujours considérée comme robuste ;
  • les anticipations d’inflation, telles que mesurées par les marchés financiers, se sont accrues au cours des derniers mois ;
  • l’inflation, mesurée sur douze mois, est considérée comme devant se renforcer cette année ; l’expression précédente mettait en avant un rythme en-deçà de 2% à court terme.

A priori, on a envie de dire que l’essentiel des modifications apportées au diagnostic est à la hausse. Même si un bémol de nature technique peut probablement être introduit. L’accélération prédite des prix sur douze mois sera en partie le fait d’un effet-base. Les chiffres décevants d’un mois à l’autre, enregistrés au printemps dernier, vont progressivement disparaitre du calcul. Il n’empêche que globalement le propos envoie un message de plus grande confiance. Pourtant sa traduction en termes à la fois d’expression du risque et de profil suggéré du taux directeur n’est que partielle.

Le qualificatif employé en termes de risque est inchangé : « les risques de court terme pour ce qui est des perspectives économiques sont à-peu-près équilibrés et le FOMC surveille de près l’évolution des prix ». N’y a-t-il pas ici un petit côté « nouvelles d’hier » qu’on aurait oublié de réactualiser ?

La Fed se « rattrape », si on ose dire, en introduisant par deux fois l’adverbe davantage quand il discute de la dynamique du taux directeur

  • Avec davantage d’ajustements graduels du réglage monétaire, le FOMC espère une progression modérée de l’activité économique.
  • Le FOMC s’attend à ce que les conditions économiques évoluent d’une façon qui garantira davantage de hausses graduelles du taux directeur.

On doit comprendre que le taux directeur va être davantage relevé, sans que pour autant la balance des risques doive être modifiée. Le balancement est assurément subtil, tant et si bien que le sens à donner n’est pas évident. D’où peut-être la réaction un peu prudente du marché : baisse puis hausse tant des indices actions que des taux longs. Peut-être que le FOMC veut en savoir un peu plus sur la dynamique en cours de l’économie, avant de tenir un discours plus « carré ». Il n’aurait fait en quelque sorte que la moitié du chemin. A moins que l’idée soit d’apparaître un peu behind the curve en termes d’inflation, afin de faire remonter les anticipations inflationnistes. Ne sont-elles pas encore assez basses, au moins historiquement ?

Au final, une prochaine hausse du taux des fonds fédéraux en mars : assurément. Et sans doute trois cette année, voire quatre en fonction de la dynamique des anticipations inflationnistes.