Des marchés sous influence : du mauvais au bon ?

Asset Management - La séance de vendredi a été une sorte de « laboratoire » de comment la politique impacte la vie des marchés. Un évènement inattendu fait réagir de façon marquée et la confirmation d’un changement perçu comme devant être à la fois positif et pérenne fait retrouver la tendance en place précédemment. Prenons en compte les mouvements de l’indice S&P 500.

Vers 17h00, heure de Paris, on apprend que l’ancien Conseiller de Donald Trump pour la sécurité nationale se serait interposé, durant la période intermédiaire entre l’élection de novembre 2016 et l’entrée en fonction de la nouvelle administration en janvier 2017, dans les relations du gouvernement américain avec la Russie ; et ceci sur ordre de l’entourage de celui qui allait devenir Président du pays. Le marché perd 1,65% en très peu de temps. Puis le Sénat, en séance plénière, vote sa version de la réforme fiscale. Et le marché de reprendre 1,42%. In fine, le marché américain des actions aura reculé de 0,20% sur la journée. L’histoire racontée par les titres d’Etat est similaire : 2,42%, puis 2,31%, avant une fin de séance à 2,36% et une ouverture ce matin à 2,42%.

On restera sans doute dans une ambiance assez politique cette semaine

Aux Etats-Unis, l’attention se portera sur trois développements. D’abord, la poursuite du dossier de la réforme fiscale. La procédure de réconciliation entre les projets de chacune des deux Chambres du Congrès va être lancée. Les discussions devraient commencer au cours de la seconde partie de la semaine et les plus optimistes d’entre les observateurs envisagent la production d’un texte commun pour la semaine du 18 décembre. Les écarts entre les deux propositions ne paraissent pas si grands. Forger le consensus pourrait donc ne pas prendre trop de temps. D’ici là, il faudra être attentif à deux choses. Premièrement, l’accord en cours de financement provisoire de l’administration fédérale (le budget de l’année fiscale 2018, qui a commencé depuis le 1er octobre dernier, n’a pas encore été voté) vaut jusqu’au 8 décembre. Il faut le prolonger, au risque sinon d’un shutdown de Washington. Cela devrait être le cas. Mais attention aux crispations en cette période de discussions finales d’un texte législatif important. Deuxièmement, le 12 décembre se tient l’élection sénatoriale partielle en Alabama. Le Parti républicain pourrait perdre le siège et voir ainsi sa majorité au Sénat se réduire. Sur cent sénateurs aujourd’hui, cinquante-deux lui en sont membres. Moins la majorité est grande, plus la discipline de parti doit être forte ou plus il faut trouver des alternatives bipartisanes. Ce n’est pas très facile aujourd’hui.

La politique sera aussi très présente en Europe au cours des prochains jours

Avec premièrement l’espoir d’une avancée dans les discussions entre le RU et l’UE sur le dossier du Brexit ; de telle sorte que le Conseil européen du 14 décembre puisse acter de la fin de la première étape des discussions (les conditions du divorce). Avec deuxièmement, la poursuite des discussions entre Chrétiens-démocrates et Sociaux-démocrates allemands sur la formation d’une nouvelle « grande » coalition de gouvernement. On sait que l’enjeu, vu du marché, est la capacité à intégrer davantage la Zone Euro. De fait et troisièmement, il faudra être attentif à ce qui se passera dans le « petit monde » bruxellois. Avec d’abord la publication mercredi du rapport de la Commission sur le futur de l’UE. Devraient être évoqués les thèmes du budget de la Zone Euro, du poste de ministre « européen » des finances et de la transformation du Mécanisme Européen de Stabilité en Fond Monétaire Européen aux capacités d’intervention élargies.  Avec ensuite, le début d’un jeu de « chaise musicale » au sein des institutions de l’Union. On commencera avec l’élection du nouveau Président de l’Eurogroup. Sachant que le résultat ne sera pas sans conséquences sur les choix à prendre au cours des prochains trimestres ou toutes prochaines années : tant vice-présidence et présidence de la BCE (2018 et 2019) que présidences de la Commission et du Conseil européen (2019).

Revenons à l’économie pour finir. La « grande affaire » de la semaine sera la publication vendredi des chiffres de l’emploi américain de décembre. Ils devraient être bons, mais sans contenu informatif particulier, autre que cette confirmation.