Marchés actions et taux obligataires : bilan décevant pour le mois de juin

Asset Management - Après trois semaines relativement calmes, la fin du mois de juin a été agitée en Europe après un discours de Mario Draghi ouvrant la voie à une normalisation de la politique monétaire de la BCE. Ce discours a provoqué une nette progression des taux allemands et un rebond de l’euro au-dessus du seuil de 1,14 dollar, au plus haut depuis mai 2016. Les actions européennes ont réalisé en juin leur plus mauvaise performance depuis juin 2016. Malgré cet accès de faiblesse, les principaux indices actions de la zone euro continuent d’afficher un bilan annuel nettement positif.

Les marchés actions européens, qui évoluaient sans tendance claire en début de mois, ont brusquement reculé lors de la dernière semaine de juin dans le sillage du rebond de l’euro.

Les commentaires positifs tenus mardi 27 juin par le président de la BCE sur l’économie européenne, ont ravivé la spéculation sur un prochain resserrement de la politique monétaire de l’institution. Sur le plan politique, les scrutins législatifs au Royaume-Uni et en France n’ont pas eu d’effet notable. Le parti d’Emmanuel Macron a remporté une large victoire lui permettant de lancer les réformes annoncées pendant la campagne présidentielle. De l’autre côté de la Manche, en revanche, Theresa May n’a dû son salut qu’à une alliance de dernière minute avec le parti ultra-conservateur nord irlandais. Sur le plan sectoriel, les tensions sur les taux européens ont permis aux banques et aux assureurs de finir le mois dans le vert. De l’autre côté du spectre, les secteurs inversement sensibles aux taux ont accusé le coup, télécoms et utilities en tête. La baisse des cours du brut s’est faite sentir sur les pétrolières. Enfin, les grands secteurs « export » ont souffert de la baisse du dollar (santé, consommation).

Wall Street, en revanche, a tenu le cap, et ce malgré une série d’indicateurs économiques décevants.

Le relèvement de 25 pb des taux décidé par la Réserve fédérale (3ème hausse de taux depuis décembre 2016) en milieu de mois n’a surpris personne. Si le S&P 500 et le Dow Jones s’affichent dans le vert en dollar, le Nasdaq a perdu un peu de terrain en juin, pénalisé par le mouvement de correction qui s’est abattu sur les valeurs technologiques. Au premier semestre, l’indice affiche tout de même sa meilleure performance depuis 2009.

Juin a été favorable aux actions japonaises, le Nikkei a gagné près de 2% grâce à la baisse du yen qui a particulièrement bénéficié aux valeurs exportatrices, la performance est toutefois négative en euro. Sans surprise, la Banque du Japon n’a pas touché ses taux, réaffirmant son diagnostic d’une « expansion modérée » de l’économie nippone. Les indicateurs macroéconomiques ont été jugés, pour la plupart, décevants par le marché.

Les indices actions émergents ont globalement surperformé en monnaies locales. La faiblesse des devises locales, notamment celles exposées au repli du cours du baril, a nourri le mouvement, mais a ramené leurs performances en territoire négatif en euro. Au sein des émergents, le MSCI EMEA a fermé la marche, principalement en raison de la Russie et de l’Afrique du Sud. C’est l’Asie qui a le mieux tiré son épingle du jeu.

La dernière semaine du mois de juin a vu une hausse violente des taux obligataires souverains en zone euro, Allemagne en tête, et une repentification des courbes.

Les perspectives de politique monétaire de la BCE ont de nouveau dominé l’actualité des marchés financiers. Le 8 juin, le Conseil des gouverneurs de la BCE a opté pour le statu quo comme attendu mais a retiré le biais baissier sur les taux directeurs. Le 27 juin, à l’occasion du forum BCE de Sintra, Mario Draghi a tenu des propos un peu plus optimistes sur l’économie en soulignant que «les forces déflationnistes ont été remplacées par des forces reflationnistes» et que les facteurs qui pèsent actuellement sur l’inflation sont temporaires et devraient se dissiper avec le temps. L’inflation en zone euro a continué de ralentir en juin (+1,3% après +1,4% en mai), mais de façon moins marquée que prévu, grâce à un redressement de l’inflation sous-jacente (+1,1% après +0,9%).

En réaction, les rendements du Bund et de l’OAT 10 ans ont progressé de respectivement +16pb à 0,47% et +8pb à 0,81%. Du côté des titres périphériques, le rendement italien 10 ans s’est replié de 4 pb à 2,15%. Les obligations italiennes n’ont pas été pénalisées par le plan de démantèlement de deux banques vénitiennes.

Sur le marché du crédit, la hausse des taux en fin de mois a fait basculer le marché dans le rouge alors que les «spreads» sont restés relativement stables.

 

Frédéric Tassin

Directeur de la gestions Actions chez Aviva Investors France

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