L’Afrique, le continent de demain ?

Asset Management - L’Afrique est promise à être le moteur de l’économie mondiale des prochaines décennies, sous réserve de ne pas sombrer politiquement. Le continent a comme principal atout (qui peut se transformer en menace) sa population qui devrait passer de 1,2 milliard d’habitants à 2,5 milliards d’habitants en 30 ans. La population active devrait augmenter de 910 millions entre 2010 et 2050 ce qui impose la création de nombreux emplois, faute de quoi les migrations ne feront que s’accroître avec des risques de déstabilisation des États africains. La question de l’habitat demeure une préoccupation majeure pour des nombreux pays du continent qui doivent gérer une urbanisation croissante. Le besoin de logements d’ici le milieu du siècle est évalué à 700 millions.

Pour asseoir leur développement, les États africains peuvent compter sur une main d’œuvre de mieux en mieux formée et sur l’avènement d’une classe moyenne qui représente déjà entre 143 et 370 millions de personnes. D’ici à 2040, elle devrait compter 900 millions de personnes, selon les calculs de la société de conseil Bearing Point.

Les secteurs des services et de l’industrie ont représenté près de 70 % de la croissance africaine entre 2010 et 2014, la part la plus importante revenant aux services. Les nouvelles technologies se développent assez rapidement car elles sont moins exigeantes en capital que les précédentes. Les réseaux de téléphone mobile ont permis à l’Afrique de rattraper une partie de son retard en matière de communication. Le continent compte 850 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 350 millions de smartphones. Le « mobile banking » s’est imposé très rapidement au point que de nombreux États africains sont devenus une référence en la matière.

La croissance économique en Afrique est retombée à 2,2 % en 2016.

Ce recul tient à la baisse des cours des matières premières et aux conditions climatiques défavorables qui ont affecté la production agricole dans certaines régions. Elle devrait toutefois progresser en 2017 et en 2018 pour atteindre respectivement 3,4 % et 4,3 %, à la condition que le redressement des cours des matières premières, la reprise de l’économie mondiale et la mise en œuvre, dans la durée, de réformes macroéconomiques à l’échelon national, se confirment.

L’économie de l’Afrique devrait connaître dans les prochains mois une réelle amélioration grâce au développement de la demande intérieure. La consommation en 2016 a contribué à hauteur de 60 % à la croissance du PIB. 18 pays africains ont, selon l’OCDE, atteint un niveau de développement humain moyen ou élevé en 2015. L’investissement direct étranger, attiré par les marchés émergents du continent et son urbanisation rapide, s’est maintenu à 56,5 milliards de dollars en 2016 et devrait s’élever à 57 milliards de dollars en 2017. Auparavant concentré dans le secteur des ressources naturelles, l’investissement se diversifie vers le bâtiment, les services financiers, les industries manufacturières, les transports, l’électricité et les technologies de l’information et de la communication. Les investissements directs étrangers se multiplient. À l’intérieur du continent, l’Afrique du Sud et le Maroc sont les plus actifs. Si les Européens sont en retrait, les Turcs, les Chinois, les Singapouriens sont de plus en plus présents. Les investissements directs d’origine chinoise ont été multipliés par plus de six en moins de dix ans. Jusque dans les années 2000, les projets internationaux émanaient du secteur public ; depuis une dizaine d’années, ils sont de plus en portés par l’initiative privée témoignant du développement de groupes d’entrepreneurs privés.

Malgré la croissance des dernières années, la situation économique et sociale de nombreux États africains demeure fragile.

54 % de la population de 46 pays africains sont toujours piégés dans une situation de pauvreté au regard des indicateurs de la santé, de l’éducation et du niveau de vie. La question des migrations est avant tout un problème interne à l’Afrique. Les migrants s’élèveraient, sur le continent, à plus de 34 millions de personnes. Ils fuient leurs pays pour des raisons économiques, politiques ou religieuses. Ils constituent évidemment des cibles faciles pour les groupes terroristes. Les pays africains accueillant le plus de migrants sont l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Nigeria et le Kenya.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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