Un enthousiasme retrouvé en faveur des actions européennes

Asset Management - C’est un certain calme qui a caractérisé les grands marchés de la zone euro en mai : qu’il s’agisse des actions ou des emprunts d’Etat, c’est une petite hausse de 0,6% qu’ils ont connue sur le mois. Les spécialistes constatent pour leur part que les indices de volatilité atteignent des niveaux particulièrement faibles.

Après cinq mois de belles hausses sur la plupart des grandes places boursières, c’est ailleurs que la volatilité s’insinue, comme sur les marchés de devises. Ce qui n’empêche pas les épargnants français de demeurer tout à fait prudents vis-à-vis des marchés.

C’est traditionnel, les ménages français comptent parmi les champions de l’épargne. Avec 14,5% de taux d’épargne financière, ils semblent bien plus prudents que les ménages britanniques ou espagnols, dont les taux d’épargne sont inférieurs à 10%2. Mais, non contents d’épargner une proportion importante de leurs revenus, les ménages français choisissent toujours plus les supports qu’ils considèrent comme les moins risqués, et ce quelle que soit la rémunération de ces supports, jusqu’à privilégier les supports qui n’apportent aucune rémunération. Sur le seul premier trimestre 2017, ils ont ajouté 20 milliards d’euros sur leurs comptes à vue, après des flux de 33 milliards en 2016 et 35 milliards en 2015. Ce sont maintenant 487 milliards que les ménages français détiennent en dépôts à vue ou numéraire, soit deux fois plus que d’actions cotées ou 60% de plus que d’unités de compte dans leurs contrats d’assurance-vie. Alors que la faiblesse des rendements aurait pu pousser les épargnants vers des placements plus rémunérateurs, ils préfèrent toujours une garantie de capital plutôt qu’une espérance de gain. C’est un choix.

Pourtant, les épargnants auraient pu noter que certains indices actions comme le Nasdaq 100 bénéficient d’une fermeté impressionnante depuis des mois. C’est également le cas de l’euro qui s’est significativement apprécié contre la grande majorité des grandes devises depuis le début de l’année, dans le sillage d’une baisse du risque politique perçu. Début d’une tendance profonde ou simple transition dans le mouvement baissier initié mi-2014 ?

Tout d’abord, bien des investisseurs professionnels se focalisent sur l’excédent significatif de la balance commerciale, même si cette vision omet de tenir compte de l’hétérogénéité de la zone : l’Allemagne voit son excédent croître alors que des pays comme l’Espagne ou la France subissent toujours un déficit. Difficile donc de voir l’Allemagne comme un mètre étalon fiable. Ensuite, les mesures de parité de pouvoir d’achat pointent également vers une sous-valorisation significative de l’euro. Mais les devises peuvent demeurer fort loin de leur parité de pouvoir d’achat pendant de nombreuses années, et cet indicateur n’est donc d’aucune aide pour anticiper les mouvements à venir dans les prochains mois. Enfin, vient le positionnement des investisseurs : si depuis mi-2014 ces derniers avaient un clair biais négatif sur l’euro, ils sont désormais redevenus constructifs et détiennent sur les marchés de contrats à terme les positions longues (c’est-à-dire positions nettes acheteuses) les plus élevées depuis mi-2013.

Sur ces bases, les investisseurs qui tiennent leurs comptes en euro peuvent s’exposer à bon compte sur un panier de devises : du dollar américain pour se protéger d’une Réserve Fédérale déterminée à lancer la réduction de son bilan et des devises à fort rendement aux fondamentaux solides.

Bernard Aybran

Directeur de la multigestion - Invesco Asset Management

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