Commerce extérieur, rien ne va plus !

Asset Management - La balance commerciale française a enregistré un déficit de 48,1 milliards d’euros en 2016 contre 45,1 milliards d’euros en 2015. L’augmentation des cours de l’énergie et le léger repli de nos parts de marchés expliquent cette dégradation qui a coûté à la France 0,9 point de croissance.

Les résultats des échanges du mois de janvier confirment malheureusement la tendance de l’année 2016. Le déficit s’est élevé, pour le premier mois de janvier, à 7,9 milliards d’euros. Les exportations se sont contractées de 7,7 % après avoir enregistré une hausse de 4,0 % en décembre et de 5,2 % en novembre. Les importations continuent de progresser (+2,9 % en janvier après +1,0 % en décembre et +3,0 % en novembre). Le déficit des 12 derniers mois atteint 53,1 milliards contre 47,9 milliards pour l’année 2016 et 45,1 milliards en 2015. Cette détérioration s’explique par le repli des ventes d’Airbus, repli qui fait suite à de très fortes ventes en décembre. Les livraisons d’avions ont été anormalement faibles en janvier. Les exportations françaises sont très dépendantes de l’aéronautique (ce secteur représente 13 % du total des exportations en 2016 contre 8 % en 2006).

En janvier, l’industrie pharmaceutique a exceptionnellement dégagé un déficit du fait d’un approvisionnement important en principes actifs depuis l’Autriche. Par ailleurs, les achats d’hydrocarbures ont été en progression en raison du froid et de la reconstitution des stocks après les fêtes de fin d’année.

La France n’arrive toujours pas à améliorer ses échanges avec la Chine et l’Allemagne. Elle a enregistré avec ces deux pays un déficit de plus de 45 milliards d’euros en 2016. L’industrie continue de perdre des parts de marchés qui s’élèvent à 3 % au niveau mondial contre plus de 5 % au début du siècle. Le commerce extérieur est de plus en plus concentré sur un nombre réduit de sociétés, 39,6 % des exportations sont réalisées par 100 entreprises en 2015 contre 35 % e 2007. 124 000 entreprises exportent en France soit moitié moins qu’en Allemagne ou en Italie.

Pendant longtemps, la France réussissait à compenser la faiblesse des exportations industrielles par le solde commercial positif des échanges de services industriels. Or, en 2016, ce secteur d’activité est devenu déficitaire.

Ces mauvais résultats interviennent au moment où les pouvoirs publics ont pris des mesures d’allègement des coûts du travail et des impôts concernant les entreprises. Le taux de marge, après avoir connu un point bas en 2014, se redresse progressivement. Les exportations françaises dépendent de leur prix à la différence de celles des entreprises allemandes. A l’exception des produits de luxe, des médicaments et des avions, les ventes de produits français à l’étranger se classent en gamme moyenne. Dans cette gamme, le critère du prix est déterminant. Or, les entreprises privilégient pour le moment la reconstitution de leurs marges ce qui ne permet pas de reconquérir des parts de marché. En outre, les entreprises françaises doivent faire face à une forte concurrence espagnole. La baisse des coûts salariaux, de 10 à 20 % a contribué à rendre les produits ibériques très compétitifs.

La situation des entreprises françaises pourrait s’améliorer dans les prochains mois car les prix et les salaires augmentent plus vite en Allemagne que chez nous. De plus, les entreprises françaises ont repris, en 2016, le chemin de l’investissement permettant une modernisation des équipements dont l’âge moyen s’était accru de plus de deux ans depuis la crise de 2008. Cette modernisation devrait faciliter la montée en gamme et l’obtention de gains de productivité.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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