Après la tempête, le calme

Asset Management - Après un début d’année en trombe, les indices actions ont vécu un mois de février tourmenté. En tout début de mois, l’annonce d’une hausse marquée du salaire horaire moyen aux Etats-Unis en janvier et les commentaires des banquiers centraux sur l’accélération de la croissance ont entraîné une correction des Bourses mondiales.

Ces éléments ont renforcé la perspective d’une hausse de l’inflation et, par conséquent d’une accélération du resserrement monétaire des grandes banques centrales, Réserve fédérale en tête. Après une quinzaine de jours de tempête, le calme est revenu, la volatilité est en partie retombée et les investisseurs se sont réexposés aux actifs risqués en profitant de la baisse des valorisations.

Wall Street, à l’image des principales places boursières, a nettement reculé en février malgré un rebond en deuxième partie de mois

Les investisseurs ont très mal réagi à la publication, vendredi 2 février, des bons chiffres de l’emploi par le département du travail américain. Les Etats-Unis ont créé 200 000 emplois en janvier, mais surtout les salaires ont augmenté sur un an de 2,9%. Cette hausse des salaires, la plus forte depuis juin 2009, fait craindre un retour de l’inflation, qui risque de provoquer une hausse plus rapide qu’attendu des taux d’intérêt. Résultat, jeudi 8 février, le Dow Jones, comme le S&P500, affichaient un repli de plus de 10% par rapport à leur dernier sommet. Ce décrochage s’est accompagné d’un pic de volatilité. Pour autant, les indices se sont ensuite ressaisis. Dans le sillage de Wall Street, les places boursières européennes ont été sérieusement malmenées au cours des quinze premiers jours du mois. Le 9 février, le CAC 40 a touché son point le plus bas de l’année (5 051 points) avant de se reprendre sur la seconde partie du mois. Un apaisement qui s’explique en premier lieu par la solidité des fondamentaux économiques. Sur le mois, le bilan boursier reste cependant négatif à Paris. Un bilan partagé sur les autres marchés actions du Vieux Continent.

La bourse japonaise n’a pas échappé à la tempête

Après un début d’année euphorique permettant au Nikkei d’atteindre, fin janvier, son plus haut niveau depuis 26 ans, l’indice phare japonais a décroché avec les autres places. Les actions japonaises ont également été pénalisées par l’appréciation du yen, valeur refuge prisée en période d’incertitudes. Si le Nikkei a repris le chemin de la hausse alors que les pressions sur le yen s’apaisaient, la performance mensuelle de la place japonaise reste toutefois dans le rouge. En Asie aussi le mois de février a été compliqué, comme en témoigne la baisse de l’indice MSCI Asie-Pacifique, tombé le 9 février dernier au plus bas depuis la mi-décembre. Ce mouvement de baisse a sans doute été amplifié par le Nouvel An Chinois, les investisseurs ayant préféré protéger leurs positions avant une série de cinq jours fériés en Chine continentale. Les Bourses d’Amérique Latine sont parvenues à limiter leur repli en février. La Bourse brésilienne a tiré son épingle du jeu en deuxième partie de mois pour afficher un gain sur le mois après avoir atteint un nouveau record. Très exposé aux valeurs liées aux matières premières, le Bovespa a bénéficié en particulier de la bonne orientation des cours des métaux et du pétrole.

Le marché des emprunts d’Etat américains s’est brusquement tendu début février avec le retour du risque inflationniste

Les opérateurs redoutent que les trois hausses de taux attendues de la Réserve fédérale en 2018 ne se transforment en quatre. Le rendement des Treasuries à dix ans a atteint le 21 février un nouveau plus haut depuis quatre ans à 2,95%. En Europe, la Banque d’Angleterre a prévenu qu’elle devrait sans doute relever ses taux d’intérêt plus tôt et plus fortement qu’escompté en raison de l’amélioration des perspectives économiques. Un message qui a suscité l’inquiétude. Les investisseurs redoutent que la BCE, face à la conjoncture solide de la zone euro, ne décide, elle aussi, d’accélérer son processus de normalisation monétaire. Les pressions ont toutefois été plus contenues sur le marché obligataire de la zone euro. Le rendement de l’emprunt allemand à 10 ans a touché en séance 0,80% pour la première fois depuis septembre 2015 avant de se replier sensiblement pour finir le mois en baisse à 0,65%. Le rendement du Bund a pratiquement doublé depuis le début de l’année, mais l’essentiel du mouvement a été réalisé en janvier. Les rendements des pays périphériques ont été peu impactés par l’approche des élections parlementaires du 4 mars en Italie. Le marché du crédit en zone euro a été affecté par la baisse des actions. On a constaté un léger écartement des « spreads » et des flux vendeurs importants. Le secteur financier, les hybrides bancaires notamment, ont été les plus touchés, avec le High yield.

D’après le scénario d’Aviva Investors, la croissance du PIB mondial pourrait approcher les 4% en 2018, un rythme jamais atteint depuis 2011. L’environnement de croissance et d’inflation est en adéquation avec la fin progressive des politiques monétaires exceptionnelles menées ces dernières années.

Aux États Unis, les perspectives de croissance restent solides. Le PIB a progressé de 2,5% au 4ème trimestre, selon la deuxième estimation du département du commerce, portant la croissance à 2,3% en 2017, première année de mandat de Donald Trump. Selon nous, la Réserve fédérale devrait relever ses taux à nouveau à trois ou quatre occasions en 2018

La croissance du PIB de la zone euro est ressortie à 2,3 % en 2017, la meilleure performance depuis 2007 (source Eurostat), soit le rythme le plus rapide depuis la crise financière et deux fois plus important que la croissance potentielle estimée. La croissance s’est généralisée à l’ensemble de la zone. Le programme de rachats d’actifs de la BCE devrait prendre fin en septembre 2018 dans la zone euro .

Pour le Japon, l’évolution récente de l’activité, la rentabilité des entreprises et la croissance des salaires sont cohérentes avec une économie robuste, susceptible de sortir du contexte déflationniste qui domine depuis deux décennies.

En Chine, notre scénario central exclut un « hard landing » (ralentissement brutal). La dynamique économique a réservé de bonnes surprises ces derniers mois, ce qui suggère que l’objectif annuel de 6,5 % devrait être nettement dépassé.