Amundi livre ses perspectives pour 2017

Asset Management - Le niveau des taux d’équilibre des actifs risqués est faible et devrait le rester en raison de l’absence des facteurs nécessaires à une remontée. Les relais sont actuellement inexistants : ni reprise de la demande de crédits, ni retournement de la stagnation séculaire, ni réallocation massive des portefeuilles vers des actifs risqués (Portfolio Balance Effect dans le langage des banques centrales).

Dans ce contexte, les allocations stratégiques de portefeuille, pour lesquelles la part d’obligations d’état restent importantes, sont donc majoritairement sous-optimales. L’idée d’un taux d’intérêt d’équilibre bas conduit donc les investisseurs à renforcer la part des actifs risqués pour générer du rendement et accroit ainsi la probabilité de non préservation du capital à moyen terme.

Changements systémiques 

Les tendances de fond sont certes toujours à l’œuvre. La fin du cycle d’endettement long depuis plusieurs décennies ne s’accompagne pas encore de désendettement en raison d’une croissance économique faible. La stagnation séculaire combinée à un excès d’injection de liquidités par les principales banques centrales mondiales continuera de maintenir les taux longs, notamment américains, à un faible niveau.

Mais un changement de régime macro-financier est cependant visible. La croissance mondiale actuelle -de l’ordre de 3%- voit l’émergence d’une croissance économique plus endogène au détriment des échanges mondiaux. Cette dynamique impacte les thématiques d’investissement, y compris sur les émergents.

Deux catégories de régimes ont prévalu au cours des dernières décennies. Dans les années 1970, la monétisation de la dette publique entraîne l’inflation des biens et services avec un impact négatif sur les actifs financiers. Dans les années 1990, c’est la dette privée qui est monétisée, conduisant à l’inflation des actifs financiers, à des bulles puis à la matérialisation du risque déflationniste.

Le régime actuel s’apparente plutôt à celui des années 1930, qui allie déflation, repli identitaire, populisme et divergence des stratégies géopolitiques. Il pourrait évoluer, au-delà de 2017, vers un régime partiellement comparable à celui des années 1970, avec monétisation de la dette publique, une inflation plus élevée et un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits. Ceci constituerait un challenge pour les actifs financiers.

Les challenges de 2017 : une approche des risques

La gestion du risque de liquidité est d’actualité, d’une part dans une perspective défensive pour faire face à un choc de liquidité, générateur notamment de volatilité accrue sur les taux, et d’autre part comme opportunité de capture de la prime d’illiquidité. Si ce risque tend à être sous-estimé par la clientèle des particuliers (certes de moins en moins), il est en revanche surestimé par les institutionnels, qui se privent ainsi de sources de valeur dans les poches réellement illiquides.

L’enjeu du continuum de crédit entre actifs liquides et illiquides est structurant. L’attrait justifié pour les actifs illiquides et leur prime de risque manque de formalisation quant à la répartition de l’investissement sur l’ensemble de l’éventail ‘Investment Grade’ et ‘High Yield’. Plusieurs défis sont à relever : dépasser les approches simplistes, formaliser la fonction d’utilité des poches illiquides, éviter les biais de construction…

La valorisation du risque politique est complexe mais nécessaire. Les exemples du Brexit et de l’élection de D. Trump, aux conséquences incertaines, ont rendu les marchés court-termistes. Nous devons donc approfondir nos approches afin de mieux évaluer les solutions de protection et réduction de ce risque géopolitique, notamment au travers des enseignements de la finance comportementale. L’étude des risques de long terme liés à la sphère ESG et de l’Investissement Responsable est importante.

Ces risques sont spécifiques, faiblement rémunérés, et asymétriquement distribués parmi les entreprises. Leur probabilité de réalisation est cependant suffisamment élevée pour avoir un réel impact financier. Cette démarche s’ajoute aux approches d’exclusion plus répandues, ainsi qu’à celle des ‘signaux de prix’ des Green Bonds par exemple.

 

Allocation d’actifs

Sur les marchés actions, le marché américain est mature et pourrait générer des bulles de valorisation La levée des risques politiques courant 2017 en Europe, devrait bénéficier aux valeurs européennes, le Japon pourrait progresser avec un policy mix favorable.

Les marchés émergents restent toujours attractifs. Ils restent une source de rendement intéressante et offrent des primes rémunérant correctement le risque devise.

Enfin, sur les marchés de taux, nous considérons le risque de liquidité comme sérieux (2 sur une échelle de 1 à 3).