Le « strategic beta » : fin de la frontière entre ETF « investment grade » et « high yield » ?

Asset Management - Les investisseurs sur le marché obligataire américain se trouvent confrontés à un dilemme : les indices d'obligations corporate « investment grade » libellés en dollars sont populaires. Ils combinent la liquidité d'une classe d'actifs mature et la sécurité d'une bonne notation et de taux d'intérêt attractifs. Les obligations émergentes ou les obligations corporate « high yield » offrent des rendements nettement plus élevés, en contrepartie d’un profil de risque supérieur.

Quelles alternatives s’offrent donc aux investisseurs à la recherche de rendements élevés tout en bénéficiant d’une bonne notation de crédit ? Les obligations d’entreprises asiatiques « investissement grade » peuvent être une solution. Leur risque de crédit est comparable à celui des entreprises des pays industrialisés, compte tenu de leur duration légèrement plus courte. Le même raisonnement peut également s’appliquer aux indices d’obligations souveraines émergentes dont les titres sous-jacents sont sélectionnés ou pondérés en fonction de la qualité financière des émetteurs.

Néanmoins, de nombreux investisseurs ne veulent ou ne peuvent investir qu’en dollars américains, notamment pour se conformer aux réglementations auxquels ils sont soumis. Les approches « strategic beta » peuvent dans ce cas constituer une réponse. Celles-ci incluent notamment les stratégies corporate « yield-plus », qui délivrent des rendements plus élevés sans augmenter significativement les risques : le risque de crédit est plus élevé, mais le risque de taux est inférieur à celui des ETF traditionnels du segment « investment grade ». La profondeur du marché des obligations d’entreprises libellées en dollars permet d’utiliser ce type d’approche pour sélectionner des obligations ayant des rendements et/ou des spreads plus élevés.

Deux facteurs sont pris en compte. Premièrement, l’investissement se concentre sur le segment « investment grade » en allant chercher sur ce marché les actifs aux rendements les plus élevés. Deuxièmement, contrairement aux indices traditionnels, les obligations qui perdent leur notation « investment grade » (les « fallen angels ») ne sont pas exclues de la stratégie « yield-plus ». La recherche académique montre qu’une approche « buy and hold » peut ainsi permettre de bénéficier de rendements sensiblement plus élevés. Les investisseurs doivent toutefois être conscients que cette stratégie comprend une petite part d’obligations n’ayant pas une note de crédit élevée. La réussite de cette stratégie est mesurable.

Actuellement, une stratégie « yield-plus » en obligations corporate libellées en dollars offre une prime de rendement de 55 points de base par rapport à la moyenne de la catégorie « investment grade ». En contrepartie, la stratégie peut être associée à des fluctuations plus volatiles des spread de crédit et des fourchettes achat/vente légèrement supérieures en moyenne. Par ailleurs, la stratégie « yield plus » affiche une réduction de la sensibilité aux taux d’intérêt par rapport à la plupart des indices traditionnels d’obligations d’entreprise « investment grade ». En somme, les approches « strategic beta » sont désormais courantes au sein du marché obligataire. Les stratégies « yield-plus » constituent une alternative intéressante aux stratégies traditionnelles, notamment du fait qu’elles offrent des valorisations attrayantes pour une duration similaire. Les investisseurs à la recherche de rendements peuvent ainsi se concentrer sur les obligations les plus rémunératrices au sein de la catégorie « investment grade » en améliorant leur rendement sans réduire leur diversification et sans augmenter leur duration