Les dépenses en matière de conformité anti-blanchiment augmentent

Asset Management - Selon les calculs de LexisNexis Risk Solutions, le véritable coût de la conformité AML se chiffre à 18,6 milliards de dollars par an pour les institutions financières françaises, face à un défi existentiel pour s’adapter à la nouvelle réalité réglementaire. Les dépenses liées à la lutte contre le blanchiment d'argent poursuivront cette trajectoire haussière, suite à une augmentation de 21% sur 2 ans.

Au cours des deux dernières années, la totalité des coûts liés à la lutte contre le blanchiment d’argent (ou « AML » pour « Anti-Money Laundering » en anglais) ont augmenté de 21% pour les acteurs de l’industrie financière française. Ces dépenses devraient encore augmenter de 16% pour les plus petits acteurs du secteur et jusqu’à 21% pour les grandes institutions. Tel est le constat d’une nouvelle enquête réalisée entre avril et juin 2017 par LexisNexis Risk Solutions, pour laquelle 250 responsables de départements dédiés à l’AML dans cinq pays européens ont été interrogés, dont 47 établissements siégés en France. Cette tendance, qui souligne l’ampleur du défi auquel les acteurs de la finance sont aujourd’hui confrontés, s’inscrit dans un contexte marqué par la mise en œuvre de la 4ème directive Européenne en faveur de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, transposée en droit français et en vigueur depuis le 26 juin 2017. Cette nouvelle loi implique une plus grande transparence et vigilance de la part des acteurs du secteur en matière de contrôles préalables et de « due diligences ».

L’étude révèle notamment que le coût réel de la conformité AML pour les sociétés de services financiers en France s’élève à 18,6 milliards de dollars US, et illustre le besoin d’adaptation au nouveau paysage réglementaire en France comme dans tous les autres marchés européens sondés.

Les banques et sociétés financières en France font encore beaucoup appel aux techniques de traitement manuel des procédures liées à la conformité AML et dans une moindre mesure à la technologie, ce qui a pour conséquence de tirer le coût global de la fonction conformité vers le haut, associé aux exigences réglementaires de plus en plus nombreuses. Et ce alors que les solutions technologiques proposent une meilleure flexibilité et permet d’optimiser ces mêmes procédures. Pour les processus dits  « KYC » (connaissance du client ou « Know Your Customer » en anglais) en particulier, y compris la collecte d’informations, la surveillance, l’analyse et l’évaluation des risques, la part des ressources humaines dédiées à la conformité pourrait être soulagée grâce à l’utilisation de technologies intelligentes, permettant au personnel des banques d’être mieux déployé et utilisé par ailleurs.

Une telle remise à plat des organisations internes des banques profiterait à la fois aux clients et à l’industrie de manière générale. Selon les personnes interrogées dans cette étude, la durée moyenne du processus d’audit et de contrôle lors de l’ouverture d’un nouveau compte commercial peut atteindre 40 heures, qu’il s’agisse des entreprises internationales ou françaises. LexisNexis Risk Solutions précise également que, dans certains cas individuels, ce chiffre peut être significativement plus élevé.

Il est également intéressant de noter que lorsque les mêmes équipes opérationnelles au sein des banques et des assureurs se consacrent aux missions liées à la conformité AML et à la surveillance des sanctions, il leur faut en moyenne 47 heures de travail pour effectuer tous les contrôles nécessaires à  l’évaluation d’une grande entreprise française. Or, d’après l’enquête, quand les banques confient ces mêmes tâches à des équipes dédiées et spécialisées dans chaque expertise, la moyenne se réduit à 35 heures. On peut donc en conclure qu’une organisation trop agile sans spécialisation par métier dans la bancassurance conduirait in fine à une perte d’efficacité opérationnelle en raison d’un effet de dispersion des ressources.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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