Brexit : quel impact sur le secteur financier en Europe ?

Asset Management - Des pans entiers du secteur financier vont devoir se réorganiser en prévision de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les places financières européennes espèrent capter une partie de l’activité des entreprises actuellement basées à Londres. Une étude publiée par l'Institut Friedland, Think tank de la CCI Paris Ile-de-France, explique que les retombées économiques ne seront pas pour autant automatiques et dépendront du degré de coopération entre les pays de l’Union européenne et de leurs régulateurs.

Une évolution, pas une révolution

Le Brexit ne signera pas la fin du leadership de la place de Londres mais donnera un coup d’arrêt à la concentration toujours plus importante d’activités financières à la City.

Les activités financières basées au Royaume-Uni et régulées exclusivement par le régulateur britannique perdront de facto le passeport leur permettant d’accéder au marché unique européen. Le pays pourrait bénéficier du régime de pays tiers réservé aux fournisseurs de services originaires de pays non membres de l’UE, mais cette alternative n’offre pas de garantie en terme de pérennité. Pour les entreprises de services financiers basées à Londres, fonder le développement de leur activité sur ce régime ne semble donc pas judicieux et beaucoup d’entre elles envisagent de ce fait de s’implanter dans un pays de l’Union européenne.

Environ 20% de l’activité de la City, soit plus de 35 milliards d’euros, sont ainsi concernés par des projets de délocalisations ( part des services financiers fournis aujourd’hui depuis Londres à destination du marché européen).

Une question de coopération entre les régulateurs européens

la réalité et la matérialité des relocalisations dépendront des régulateurs nationaux, chaque régulateur ayant la possibilité de fixer un certain niveau d’exigence pour les entreprises qui souhaitent s’implanter sur son territoire. Ces derniers peuvent décider de coopérer et d’établir des standards communs ou non.

A une extrémité, l’absence de coordination mènera à une situation de concurrence qui pourrait conduire certains régulateurs à un niveau d’exigence faible dans le but d’attirer les entreprises de la City. La matérialité des relocalisations (leur poids économique) serait alors limitée. A l’autre extrémité, une coordination étroite et l’adoption de standards communs avec un certain niveau d’exigence (équipes et activités sur place) encouragerait des relocalisations substantielles d’entreprises de la City désirant continuer d’accéder au marché unique européen après le Brexit. Le rôle de l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) sera primordial sur cette question.